Les engagements de l’Union Européennes et de l’Etat en faveur des personnes handicapées sont l’occasion de se pencher sur les positions de l’Eglise à propos du handicap. Coup de projecteur.
L’appel du Saint-Siège est clair : «les chrétiens, comme témoins du Christ, ont une responsabilité particulière d’être à côté de leurs frères et soeurs handicapées». Publié dans un document marquant l’année internationale du handicap en 1981, ce message est aujourd’hui encore d’actualité. Depuis le début de son pontificat, le pape Jean-Paul II a publié plusieurs textes concernant le handicap. En soulignant la richesse humaine des personnes handicapées, il appelle à se tourner vers celles ci sans pour autant tomber dans le misérabilisme.
A ce jour, le document publié en 1981 est le texte ecclésial le plus complet à propos du handicap. Il souligne la valeur des personnes déficientes, à laquelle chacun doit être sensible: «les personnes handicapées, destinataires privilégiés de l’annonce de l’Evangile, font mieux ressortir le mystère de tout être humain». Jean-Paul II appelle ensuite à aider les personnes dans le besoin en facilitant leur vie quotidienne par l’intégration, la normalisation et la personnalisation. L’Eglise demande le respect de la vie, la sensibilité aux besoins, aux droits et à l’autonomie des personnes déficientes, ainsi que la création d’une ambiance favorable et familiale autour du handicap. Jean Vanier, fondateur de l’Arche et co-fondateur de Foi et Lumière, au moment de sa remise du prix Paul VI par Jean-Paul II, en 1997, souligne la richesse des personnes handicapées: «A travers elles, ceux qui les aiment découvrent ce qu’est l’amour, la vraie communion, la fondement de toute véritable croissance. Et à leur tour ils sont transformés ». Mais si l’Eglise appelle à l’action, elle en pose aussi les cadres.
Non au misérabilisme
Aider les personnes handicapées, oui, les assister, non ! C’est en substance la position ecclésiale sur la question. Jean Vanier insiste sur ce point : «Trop souvent, [les personnes handicapées] sont considérées comme des objets de charité et on ne voit pas que c’est une bénédiction d’être proche d’elles». Cette tendance au misérabilisme est d’ailleurs souvent mal perçue par les personnes concernées. Jérôme Adam, président de la société «Visual Friendly», interrogé dans «La Croix» du 1 avril 2003, en témoigne : «Il est urgent que nous nous débarrassions de nos préjugés». Pour lui, «être handicapé, c’est un état, pas un statut», ce qui implique que «notre société doit apprendre à ne plus agir pour le handicap mais avec celui-ci».
Aujourd’hui, différentes associations confessionnelles proposent de donner du temps aux personnes handicapées. Elles se distinguent selon leur formule et leurs spécificités, que ce soit l’Arche, Foi et Lumière, A Bras Ouverts, Memisa ou encore la Fondation Jérôme Lejeune. Mais dans tous les cas l’objectif reste le même : s’enrichir des différences.