Les 27 et 28 novembre, l’Église fête Notre-Dame de la médaille miraculeuse et sainte Catherine Labouré. L’occasion de se poser la question de la place des apparitions dans notre foi.
L’essentiel est de savoir que Marie a accepté une fois pour toutes de donner son Fils au monde. Ses «apparitions» et ses «miracles» ne sont qu’une manière de prolonger sa seule mission, qui est de conduire à son Fils.
Le 4 Mai 1983, le pape Jean-Paul II disait : «En donnant son consentement au message de l’Ange, Marie a accepté de collaborer à toute l’œuvre de réconciliation de l’humanité avec Dieu, tout comme son Fils l’avait, de fait, réalisée.»
- Qu’est-ce qu’une apparition ? Et pourquoi ?
Une apparition est une manifestation visible d’un être invisible, surnaturel. Ici, intervention ponctuelle de Marie, femme de Galilée, juive, humble de cœur, mère de Jésus, qui se manifeste à une ou plusieurs personnes et dialogue avec elle(s), délivrant un message pour l’ensemble de la communauté. Le message délivré par la Vierge vise toujours à réactualiser la bonne nouvelle de l’Evangile, tout en rappelant que Dieu est le principe et le lieu final de toute paix – ce message est le plus souvent un appel à la conversion, à la pénitence et à la prière.
L’histoire judéo-chrétienne est remplie d’apparitions et de miracles. Les apparitions de la Vierge sont une donnée qui fait partie intégrante de la tradition de l’Eglise. Elles ne sont pas une «affaire de catholiques» puisqu’elles ont commencé avant les séparations, entre catholiques et orthodoxes, entre catholiques et protestants. Elles ne sont pas non plus le produit d’un XIXe siècle exalté, même si l’on y a beaucoup parlé de Lourdes, Fatima…
- Les principales apparitions au cours des siècles
III siècle : à Saint Grégoire le Thaumaturge
Ve siècle : au Puy
XIIe siècle : à Saint Bernard
XIIIe siècle : à Saint François d’Assise
XVe siècle : à Saint Cyrille (orthodoxe)
XVIe siècle : à Saint Ignace de Loyola
XIXe siècle : à Paris (rue du Bac), à La Salette, à Lourdes
XXe siècle : à Fatima, à Zeitoun près du Caire
Les apparitions ne font pas partie de la foi catholique, mais elles sont comme des signes qui peuvent aider à renforcer la foi. Les apparitions ne sont ni dogmes, ni article de foi, mais simples révélations privées et particulières qu’il convient de garder à leur juste place. Elles n’ajoutent rien à la foi de l’Eglise. Les apparitions n’apportent jamais de nouvelle doctrine, elles viennent soutenir la foi et l’espérance de l’Eglise en rappelant ou en éclairant tel ou tel aspect de l’Evangile.
L’Eglise catholique, lorsqu’elle les a jugées authentiques, laisse à chaque catholique sa liberté de conscience et d’appréciation vis à vis des apparitions.
Dieu a délégué Marie auprès du Fils de Dieu, pour le familiariser avec les hommes. Il la délègue auprès des hommes pour les familiariser avec Dieu… Elle est une délégation privilégiée de la Miséricorde de Dieu parmi les hommes. Elle a reçu pour cela, au pied de la Croix, sa vocation de Mère des hommes.
Sainte Catherine Labouré dit : «oui, la Vierge de l’Incarnation penchée sur la crèche, La Vierge de Cana et la Vierge des apparitions c’est la même. Elle continue d’intercéder pour nous auprès du Christ.»
- Positions de l’Eglise sur les apparitions
L’Eglise catholique estime qu’il est de sa mission d’authentifier les «apparitions» dignes d’être prises en considération. Depuis des siècles, l’Eglise recueille et analyse toutes les manifestations surnaturelles qui lui sont signalées. Les pasteurs de l’Eglise ont toujours été prudents à l’égard des apparitions et révélations. Après de longues et minutieuses enquêtes, elle en accepte un certain nombre qui sont alors, «officiellement», sources de grâces.
En France les plus connues concernent des apparitions mariales : Lourdes, La Salette, la Médaille Miraculeuse de la rue du Bac, Pontmain, l’île Bouchard…). Historiquement la première apparition de la Vierge répertoriée dans notre pays s’est produite au Ve siècle au Puy en Velay.
Dans les moments d’épreuves et d’angoisse, le désir est grand que Dieu intervienne par des prodiges et des messages. Jésus lui-même nous met en garde : «il surgira de faux christs et de faux prophètes qui opéreront des signes et des prodiges pour abuser des élus». Le pape Paul VI affirmait en 1973 : «le célèbre discernement des esprits s’impose dans un domaine où l’illusion est très facile».
C’est à l’évêque du lieu qu’échoit la responsabilité de mener une enquête, en s’entourant de théologiens, de juristes, de médecins sur les faits signalés. Le Saint-Siège, selon ce qu’il juge bon, confirme ou infirme le jugement épiscopal.
Les critères retenus pour décider qu’il s’agit ou non de manifestations divines concernent d’une part les qualités personnelles du voyant : son équilibre psychologique, sa sainteté de vie ( foi, désintéressement, humilité…) et d’autre part les fruits spirituels que les apparitions provoquent : esprit de prière, conversions, dévotion, témoignages de charité, amour et bonté envers son prochain, paix et joie ou au contraire peur et angoisse…
Les théologiens examinent l’orthodoxie des messages : sont-ils conformes à l’Evangile et à l’enseignement officiel de l’Eglise ? Le message transmis par l’apparition ne peut-être en contradiction avec l’Evangile.
Après seulement, ce «constat d’Evangile», on examinera les signes surnaturels, les prodiges qui à eux seuls pourraient être trompeurs : signes célestes, guérisons..
Ainsi les apparitions de la rue du Bac et le message de la Médaille portent les fruits de l’Evangile : la prière. De même que les apparitions de Lourdes et ce qui en découle pèlerinages, conversion, guérison… ramènent à l’Evangile de Jésus-Christ : pauvreté, prière, pénitence. Les apparitions récentes obéissent strictement à ces critères, toutes insistent sur la prière et sur la conversion au Christ.
- Les chrétiens et les apparitions
La reconnaissance que l’Eglise donne à une apparition incite les chrétiens à considérer cette apparition de manière favorable et à se laisser interpeller par le message qui en émane. Mais il n’est pas question d’imposer quoi que ce soit. Les apparitions reconnues ont valeur de signe et non de preuve. Si elles peuvent aider à la foi de certains, elles ne sont pas indispensables ni centrales à l’adhésion de la foi.
Un prêtre allant à Lourdes : «Je crois profondément aux apparitions de Lourdes et à quelques autres. J’y ai prêché et enseigné avec joie. Mais combien j’aime ce climat de liberté spirituelle et de respect des consciences qui est celui de l’Evangile !»
Paroles de pèlerins à l’île Bouchard – le décret d’autorisation d’un pèlerinage date de décembre 2001 et a été pris par Monseigneur Vingt-Trois :
«Je viens demander à Marie de me soutenir, de m’aider à persévérer dans la prière…», «Nous venons lui demander de nous guider dans la volonté du Seigneur.», «Je suis là pour demander à Marie de me conduire plus directement à son fils.»