Catherine de Hueck-Doherty naît en Russie en 1896 dans une riche famille profondément chrétienne. A 12 ans elle est déjà attirée par la pauvreté. Mariée très jeune à Boris de Hueck elle devient infirmière pendant la 1ère guerre mondiale. La révolution russe l’oblige à émigrer au Canada en 1921. Elle vit dans la pauvreté et travaille dur pour faire vivre son mari malade et son fils.
Devenue conférencière elle regrimpe dans l’échelle sociale. C’est là qu’elle reçoit cet appel : « Lève-toi, va vends tout ce que tu possèdes
donne-le aux pauvres
viens et suis-moi ». Elle fonde alors dans les années 30 Friendship House (la maison de l’amitié) pour vivre au milieu des pauvres. Des hommes et des femmes la rejoignent, d’abord à Toronto pendant la crise, puis à Harlem où elle est une pionnière du combat pour la justice raciale
En 1947 un appel de l’évêque la conduit à Combermere en Ontario pour y fonder avec son deuxième mari Eddie Doherty, un apostolat rural. Elle y établit Madonna House, un centre de formation pour laïcs catholiques et pour les prêtres Là aussi se crée une communauté de laïcs et de prêtres associés qui fait l’expérience de la vie simple et pauvre au service des pauvres, basée sur l’amour mutuel autour de la Trinité. En 1952 sur la suggestion du pape, la jeune communauté fait vu de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.
Catherine de Hueck-Doherty meurt en 1985 après avoir publié des ouvrages traduits dans de nombreuses langues tel que « Poustinia » (le désert en russe) qui tisse un lien entre les spiritualités catholiques et orthodoxes..
L’essence de la vocation de Catherine : le « petit mandat »
Catherine Doherty disait que les paroles du « petit mandat » décrivaient le cur et l’essence de sa vocation personnelle :
Lève-toi et va ! Vends tout ce que tu possèdes, donnes-en le prix aux pauvres, directement, personnellement. Prends Ma croix (leur croix) et suis-Moi, allant vers les pauvres, étant pauvre, un avec eux, un avec moi.
Petit, sois toujours petit, sois simple, sois pauvre, sois comme l’enfant.
Proclame l’Evangile par ta vie, sans transiger. Sois à l’écoute de l’Esprit :
Il te guidera.
Fais extrêmement bien les petites choses par amour pour Moi.
Aime. Aime. Aime, peu importe le prix.
Va sur la place du marché. Restes-y avec moi. Prie. Jeune. Prie toujours.
Demeure caché. Sois une lumière pour les pas de ton frère.
Avance sans peur jusque dans les profondeurs du cur des hommes : je serai avec toi.
Prie sans cesse. Je serai ton repos.
Je peux recevoir ces paroles pour moi, pour aujourd’hui. Peut-être, y en a-t’il une qui me touche plus particulièrement et qui va nourrir ma prière. Je vais la garder dans mon cur pour y repenser, pour la prier, même rapidement, dans ma journée ou avant de m’endormir.
Les piliers de la vie communautaire : l’amour mutuel et la Trinité
Catherine de Hueck Doherty a vécu la vie communautaire avec ses joies et ses désillusions. Forte de son expérience et de ses réflexions, elle ancre la vie communautaire dans l’amour mutuel et dans l’amour de la Sainte Trinité.
Elle disait que la solitude est la plus grande pauvreté des temps modernes. Dans chaque communauté la vocation la plus importante est de former une communauté d’amour et d’ouvrir les curs et la maison aux autres. « Le succès d’une mission n’est jamais dans ce qu’elle accomplit mais repose d’abord et surtout dans l’amour que les membres de la communauté ont pour les autres. »
« Pour former une communauté, vous devez d’abord entrer en contact avec la Trinité. Quand nous nous mettons à aimer la Trinité, nous prenons part à cette éternelle et primordiale communauté d’amour. »
Et moi, dans ma vie avec les autres, dans mon travail, mes études, avec ma famille, mes amis, où est ce que je place le succès ? Dans les résultats obtenus ou dans la qualité de ce qui est vécu ensemble ?
A l’invitation de Catherine, je peux rester contempler la Trinité de Roublev, le Père, le Fils et l’Esprit, unis dans cette communauté d’amour et m’invitant avec eux à ouvrir mon cur, à ouvrir ma maison.
Devenir prière, une vie en forme de Croix
Dans une lettre adressée à Madonna House, Catherine de Hueck Doherty exhorte : « Nous devons être pauvres, menons une vie ordinaire, certes mais faisons-le avec passion pour Dieu. ( )Tendons une main vers Dieu et l’autre vers le prochain. ( ) Ainsi prenons-nous la forme d’une croix. Un homme en forme de croix est le symbole de la prière. La seule communication vraie est celle qui existe entre deux crucifiés. ( ) La croix du christ sera notre révolution et cette révolution sera fondée sur l’amour. »
Je regarde ce que Catherine Doherty propose : vivre à l’image du Christ, les bras tendus vers le Père et vers les hommes. La croix me devient une attitude intérieure : accueillir, écouter, prier Dieu et en même temps regarder, soutenir, accueillir tout homme avec le même amour que celui que Dieu a pour moi.