La petite Thérèse est Docteur de l’Eglise, patronne des missions et co-patronne de la France. Elle a été canonisée par Pie XI en 1925 et est fêtée le 1er octobre.
Voir aussi :
Thérèse de Lisieux, docteur de l’Eglise
Mon chant d’Aujourd’hui
“Thérèse parle d’amour comme personne”, interview de Grégory Turpin
Nolwenn Leroy et Sainte Thérèse de Lisieux
Louis et Zélie Martin, un couple “digne du Ciel”
Des grands désirs… à la « petite voie »
Thérèse est une enfant, avec ses fragilités et avec ses désirs, tout comme chacun de nous.
Dès son enfance, Thérèse vit des séparations douloureuses : sa maman ne peut l’allaiter et elle doit placer son enfant chez une nourrice, c’est une question de vie au de mort pour Thérèse. Elle reste près d’une année dans une ferme, chez Rose. Lieu de vie qu’elle va devoir quitter contre son gré.
Deux ans plus tard, elle fait face au décès de sa maman. Pauline, sa soeur aînée, devient sa “nouvelle maman” ; Pauline est le grand idéal de Thérèse, elle a beaucoup d’admiration et de désirs de faire plaisir à ”sa Pauline”. Aussi, lorsque Thérèse apprend par hasard que Pauline va entrer au Carmel, c’est l’effondrement le plus total. Elle ne peut imaginer vivre sans Pauline, elle dira « Pauline était perdue pour moi pour toujours ». Et Thérèse tombe malade. Elle est dans une angoisse d’une telle intensité qu’elle sombre dans ce qui apparaît être une forme de psychose.
Thérèse est dans une insécurité épouvantable. “La psychose avant d’être une maladie est une protection contre l’angoisse ; il est des formes d’angoisse, de totale insécurité existentielle, si fortes que la personne meurt, se laisse mourir». (Jean Vanier, Thérèse ouvre la voie pour les pauvres de notre temps).
Thérèse ensuite va beaucoup souffrir de la maladie de son père, de son « roi chéri ». Thérèse le dira avant de mourir, « J’ai beaucoup souffert ». Elle n’est pas une jeune fille lisse qui entre au Carmel pour fuir le monde ou faire comme ses soeurs. Elle a de véritables désirs, un besoin infini d’aimer et d’être aimée.
Malgré et avec ces difficultés, elle est aujourd’hui une jeune fille très connue dans le monde entier : parce que sainte et Docteur de l’Eglise. Docteur, c’est dire que sa vie est reconnue comme chemin praticable pour aller vers Dieu. Et ce chemin, c’est la voie d’enfance spirituelle. De son vivant, elle avait compris que sa petite voie « ferait du bien sur la terre ».
Le génie de Thérèse et de ses grands désirs, c’est de comprendre qu’elle-même ne peut pas faire de grandes choses, de ces grandes choses qu’elle trouve dans des vies de saints. C’est pour cela qu’elle nous fait du bien, parce que son chemin de communion, ses désirs de sainteté se sont incarnés dans des pratiques toutes simples, dans des petits riens, pour faire plaisir.
Devenir une grande sainte
« Je pensais que j’étais née pour la gloire […
]. Ce désir pourrait sembler téméraire si l’on considère combien j’étais faible et imparfaite et combien je le suis encore après sept années passées en religion, cependant je sens toujours la même confiance audacieuse de devenir une grande Sainte, car je ne compte pas sur mes mérites n’en ayant aucun, mais j’espère en Celui qui est la Vertu, la Sainteté Même, c’est Lui seul qui se contentant de mes faibles efforts m’élèvera jusqu’à Lui et, me couvrant de ses mérites infinis, me fera Sainte. »
(Ms A, 32R°)
Ce passage est la première expression de la voie d’enfance spirituelle de Thérèse, dit petite voie’ et qui est le coeur de son message. Pour la comprendre, nous pouvons repérer cinq éléments, qui interagissent entre eux et motivent inséparablement toute notre vie temporelle et spirituelle :
1/ Avoir de grands désirs : soif d’amour infini, désirs les plus audacieux.
2/ Reconnaître et consentir à son incapacité radicale à les réaliser, et à la fois faire confiance en Dieu qui les a mis dans mon coeur ; autrement dit ne pas désespérer.
3/ Comprendre que Lui seul pourra combler en moi ces désirs.
4/ Cependant, je ne reste pas sans rien faire, au contraire, je pratique de petits efforts’, ce que je peux faire, rien de particulièrement héroïque, mais des efforts à ma mesure, pour me mettre en marche, pour faire plaisir. La sainteté n’est pas une affaire de générosité.
5/ Mais bien plus un acte
de confiance et d’abandon. Plus je suis en confiance avec Lui et mieux je suis disposé à accueillir ce qu’il me propose. Jean Vanier dit que « la foi est une relation ».
Ces cinq points sont très importants, ils sont la dynamique même du coeur de la voie d’enfance. Je fais confiance à mes désirs, à ce qui fait que je suis moi, un ”je”, une personne unique et responsable. Je prends toujours plus et mieux conscience de mes possibilités, des dons qui sont les miens, mais surtout je réalise combien je suis aussi incapable d’être bon, d’aimer en vérité, d’être libre ; je réalise combien je suis un être limité, pauvre et fragile. Le secret, c’est d’aimer sa faiblesse, sa vulnérabilité. C’est à dire ne pas l’ignorer, ne pas faire semblant de pouvoir tout croire, tout vivre, tout faire. En vérité je ne suis pas fort ; c’est être dans la réalité, dans la vérité que de se connaître avec ses faiblesses. Pourquoi aimer sa faiblesse ? Parce que c’est là que je peux consentir à me laisser rejoindre par la miséricorde de Dieu.
Thérèse, nous dit « la sainteté c’est supporter avec douceur ses imperfections ».
Enfant, le chemin qui lui était proposé, était celui des ”oeuvres” et de la générosité, celui des actes de vertus. Avec Thérèse, nous entrons dans une autre dynamique de relation à Dieu Notre Père ; elle ne relève jamais les actes de vertus, cela ne l’intéresse pas, elle dit : « la sainteté n’est pas dans telle au telle pratique, elle consiste en une disposition du coeur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse et confiants jusqu’à l’audace en sa bonté de Père. »
(Novissima Verba 3.8.5)
« Rien que pour aujourd’hui »
« C’est parce que l’on pense au passé et à l’avenir qu’on se décourage et qu’on désespère. » dit-elle. De fait, le moment présent est essentiel parce qu’il porte l’essence du Ciel, pour aujourd’hui.
Je vous propose le témoignage d’une jeune femme comme exemple d’application de la petite voie. Une femme de trente ans avec une activité qui l’épanouit, elle est croyante et pratiquante et son désir est de se marier, fonder une famille, mais elle ne connaît pas encore l’époux de son coeur et père de ses enfants’. D’une certaine façon sa vie est en stand-by’ et elle décide de s’engager dans une activité à la paroisse, puisqu’elle a cette disponibilité de temps et de coeur. Sa réflexion est intéressante : elle explique que pour l’instant sa vie est à elle seule, et puisqu’elle désire s’engager à la partager avec un autre, elle vit son engagement pastoral comme déjà une forme de partage et aussi de fidélité, comme une préfiguration de la fidélité qu’elle accordera à son mari et à ses enfants.
Notre vie est pleine de possibilités de cet ordre, ce qui importe c’est bien la disposition de mon coeur. Cette jeune femme ne se projette pas dans un demain irréel, mais elle vit concrètement un engagement comme signe et visibilité de son désir de s’unir, de s’engager, de consacrer son temps et sa vie à un autre qu’elle-même. Elle pourrait penser uniquement à elle, profiter de ce temps tant qu’elle est seule pour se faire plaisir, et se faire encore plaisir. Non, là elle anticipe, elle met en marche son désir pour être déjà dans le réel de ce partage, de ce à quoi elle croit : « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir », dont le monde a besoin, tellement il perd pied dans un individualisme égoïste.
Ces quelques lignes ne sont que des balbutiements de ce qu’est l’enfance spirituelle, et je t’invite à poursuivre le chemin sur le site du Carmel : http://carmel.asso.fr/therese.htm.