Nous proposons trois éclairages…
Yavhé au secours du pauvre
Dans l’Ancien Testament, les pauvres, les opprimés sont les Hébreux réduits à l’état d’esclaves par les Egyptiens. Yavhé entend leurs cris et les libère de leur servitude.
« Car moi, Yavhé ton Dieu, je te saisis la main droite, je te dis ; « Ne crains pas, c’est moi qui te viens en aide . » Ne crains pas, vermisseau de Jacob, et vous, pauvres gens d’Israël. C’est moi qui te viens en aide, oracle de Yavhé, celui qui te rachète, c’est le Saint d’Israël. »
(Isaïe 41, 13-14)
Dans le psaume 68(67), le psalmiste chante encore la glorieuse épopée d’Israël : « Père des orphelins, justicier des veuves, c’est Dieu dans son lieu de sainteté ; Dieu donne à l’isolé le séjour d’une maison, il ouvre aux captifs la porte du bonheur. »
Être pauvre et humble de coeur, à l’image de Jésus
Dieu nous exhorte à nous rendre proches des pauvres, c’est-à-dire des « petits » et à nous mettre à leur service avec humilité, douceur, simplicité. Jésus lui-même nous en donne l’exemple.
– Lorsqu’Il se donne à voir pour la première fois c’est en la personne d’un petit enfant, couché dans une mangeoire. Il s’offre à nous dans le dénuement et la simplicité. N’est-ce pas aussi l’image du pauvre, du petit isolé, rejeté ?
« Elle enfanta son fils premier-né, l’enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu’ils manquaient de place dans la salle. » (Luc 2, 7)
Et l’Enfant recevra la visite de simples bergers mais aussi de trois Rois, venus d’Orient, qui s’inclineront devant Lui.
A notre tour, laissons-nous inviter à la contemplation :
« Je voudrais pouvoir prendre chacun de vous par la main et vous mener exactement à l’endroit, juste au moment
Je voudrais que nous fassions silence
Ne vous donnez pas à vous-mêmes, d’avance, l’idée de ce qu’il faut savoir la nuit de Noël. Mais taisez-vous devant Dieu qui se tait. Acceptez qu’il vous dise quelque chose que vous n’avez jamais entendu. Fermez les yeux pour voir une autre lumière. Acceptez qu’elle vous révèle ce que vous n’avez jamais vu. Alors que vous pensez déjà savoir le secret de cette nuit, admettez que vous ne savez rien encore de ce qui peut vous advenir. Car votre vie est devant vous et Dieu est la vie. Et la vie vient jusqu’à vous. Acceptez la grâce d’être là en cet instant et en ce moment où l’amour se fait si proche, et pourtant se dérobe. » (J.M Lustiger, Petites paroles de nuit de Noël, Ed. de Fallois.)
– Dans les Béatitudes, Jésus nous dit :
« Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux. »(Matthieu 5, 3)
Heureux sont-ils donc parce que Dieu les aime : ils seront comblés, consolés, rassasiés par Dieu. Ainsi donc le bonheur n’est pas réservé aux riches et aux bien portants, à ceux qui semblent en tout comblés. Au milieu des difficultés non niées, au cur même de la souffrance, il existe un chemin de bonheur. Merveilleux appel à l’espérance que nous lance Dieu lui-même
-Et le soir du Jeudi Saint, par la scène du lavement des pieds, Jésus nous donne l’exemple de l’amour que nous devons avoir les uns pour les autres. Lui, le Seigneur des Seigneurs se fait notre serviteur :
« Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous. » (Jean 13, 14-15)
La pauvreté intérieure
Dieu nous appelle aussi à une pauvreté intérieure, à une remise quotidienne entre les mains du Père, à la confiance, comme le petit enfant qui s’abandonne dans les bras de ses parents.
« En vérité je vous le dis : quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n’y entrera pas . » (Marc 10, 15)
C’est une attitude de simplicité, d’humilité et de confiance qui nous est demandée : nous décentrer, nous laisser saisir par Dieu. Accepter notre pauvreté, notre petitesse (comme l’exprimait Sainte Thérèse de Lisieux), nos limites, nos faiblesses, nos manques. Accepter devant Dieu d’être pauvre, humble, dépendant.
« Il faut consentir à rester pauvre et sans force et voilà le difficile. »(Sainte Thérèse)
Cet appel à la voie de l’enfance spirituelle, que Sainte Thérèse appelle sa « petite voie », c’est l’appel universel à la sainteté. La petite voie peut être pratiquée par les « petits », par tous
Ainsi ai-je à plaire à Dieu dans les toutes petites choses, à la place où je suis, en faisant ce qui me revient. Et c’est ma pauvreté ainsi acceptée qui me permet de découvrir le visage d’amour du Père.
A ce propos, Jacques Leclercq souligne bien la différence qui existe entre perfection et sainteté :
« J’ai appris à me méfier de la perfection
J’ai choisi la sainteté. La perfection, c’est moi qui la fabrique pour moi ; la sainteté, c’est Dieu qui me la donne. La perfection est au bout du chemin que je me suis tracé pour moi-même ; la sainteté, elle, est donnée pour maintenant, pour tout de suite. La perfection est humiliée par son péché, elle ne le supporte pas ; la sainteté n’est jamais humilée, elle est humble. On est humilié quand on se croyait quelqu’un, on est humble quand on accepte d’être un pauvre. Et « heureux les pauvres ! »
»