Le 15 octobre, l’Église fête sainte Thérèse d’Avila. S’il y a bien un trésor qu’elle a laissé à l’Église, c’est la prière d’oraison. Voici quelques pistes pour découvrir cette forme de prière.
Voir aussi :
Petit guide de spiritualité thérèsienne
La prière du Carmel : l’oraison
« Âme ne te cherche qu’en moi, Ô âme ne te cherche qu’en toi. » Thérèse d’Avila, Poésie. Il y a un désir fondamental et fondateur en l’homme, qui est celui de l’Autre. Ce désir s’exprime par la prière. La prière qui s’origine dans un ailleurs, s’enracine dans le cœur même de l’homme et s’oriente vers l’Autre, dans la relation.
La prière s’origine dans un ailleurs qui est l’ici et le maintenant de Dieu, qui est Dieu lui-même. L’homme n’est pas à l’origine de sa prière. D’où l’importance de la tradition dans tout chemin d’oraison.
La tradition du Carmel nous livre des mots que nous avons à habiter, à rendre nôtres. Nous avons à les recevoir comme source de vie. Nous avons à croire qu’à un moment donné, ces mots ont donné la vie à ceux qui nous ont précédés : Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux, Laurent de la Résurrection, Elisabeth de la Trinité, Marie de Saint-Esprit… Pour nous chrétiens, le mot par excellence, est celui que le Christ nous a révélé : «Père». Ce mot à lui seul peut être un appel, un chemin et un accomplissement. L’habiter c’est nous unir au Christ dans une relation filiale au Père. L’habiter c’est me recevoir comme fils dans le Fils en tout ce que je suis, ce que j’ai été et ce que je serai !
Cherche Toi en moi…
L’oraison silencieuse s’enracine dans le cœur même de l’homme : « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous tandis qu’il nous parlait sur le chemin ? » (Luc 24,32), « Mon fils…, plus que sur toute chose, veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillit la vie » (Proverbes 4,23).
Le lieu de notre relation au Père c’est le cœur. Prendre l’habitude d’habiter son cœur c’est suivre le Christ dans son chemin d’union au Père. Habiter son cœur c’est essayer d’être à l’écoute d’une vie qui se dit, qui émerge, malgré les blessures et le poids des jours, c’est être attentif aux lieux de fécondité en soi qui sont dans l’attente d’une parole qui brise l’épreuve de la stérilité.
Je me cherche en Toi
La prière s’oriente vers l’Autre, vers le Dieu Trinitaire : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous. » (Jean 17,21) C’est ainsi que le Christ dit son désir de nous voir unis au Dieu Trinité. La prière creuse en nous ce désir d’être unis à celui « qui est, qui était et qui vient ». St Jean de la croix dans son cantique spirituel l’exprime ainsi : « Oh ma vie qui vit sans vivre, comment peux-tu tenir ? » Notre lieu de vie c’est lui ! Et pourtant ce n’est que dans l’aujourd’hui de notre appel qu’il se donne à nous. Prier c’est donc habiter notre humanité comme le seul lieu où notre désir et son accomplissement font leur chemin en vérité.
L’oraison est une parole qui naît de la rencontre. Notre parole dans la prière dit en même temps la rencontre et le désir toujours grandissant. Et le paradoxe de ce chemin, c’est qu’il est à la fois désir de l’Autre, tout en étant nourri de notre humanité.
Une prière vraie est actuelle, humaine, si elle prend visage dans nos relations. Elle est vers Dieu, à l’écoute de Dieu et elle prend le temps de l’Incarnation. Elle est le chemin du cri à la parole. Le chemin du Verbe qui en nous se fait chair. L’oraison est le chemin de l’ouverture à l’Amour.