“J’invite donc tous les fidèles à poursuivre avec piété leur dévotion au culte du Sacré-Coeur de Jésus, en l’adaptant à notre temps, pour qu’ils ne cessent d’accueillir ses insondables richesses, qu’ils y répondent avec joie en aimant Dieu et leurs frères, trouvant ainsi la paix, entrant dans une démarche de réconciliation et affermissant leur espérance de vivre un jour en plénitude auprès de Dieu, dans la compagnie de tous les saints.” Message de Jean-Paul II aux évêques de France en juin 1999.
Coeur de Jésus, notre vie et notre résurrection
Cette invocation des Litanies du Sacré-Cur, forte et convaincue comme un acte de foi, renferme en une phrase lapidaire tout le mystère du Christ Rédempteur.
Elle rappelle les paroles adressées par Jésus à Marthe, accablée par la mort de son frère Lazare : “Je suis la résurrection. Qui croit en moi, fût-il mort, vivra” (Jean 11, 25). Jésus est la vie, qui jaillit éternellement de la source divine du Père : “Au commencement le Verbe était, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu […]. De tout être il était la vie, et la vie était la lumière des hommes” (Jean 1, 1-4). Jésus est vie en lui-même : “Comme le Père en effet dispose de la vie – déclare-t-il – ainsi a-t-il donné au Fils d’en disposer lui aussi” (Jean 5, 26).
Au plus intime du Christ, dans son Cur, la vie divine et la vie humaine se conjuguent harmoniquement, en une unité complète et indissoluble. Mais Jésus est aussi vie pour nous. “Donner la vie” est le but de la mission que lui, le Bon Pasteur, a reçu du Père : “Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie et l’aient en abondance” (Jean 10, 10).
Jésus est aussi la résurrection. Rien n’est aussi radicalement contraire à la sainteté du Christ – le Saint du Seigneur (cf. Luc 1, 3 ; Marc 1, 24) – que le péché ; rien n’est aussi opposé à lui, source de vie, que la mort. Un lien mystérieux lie le péché et la mort – (cf. Sagesse 2, 24 ; Romains 5, 12 ; 6, 23 ; etc) : tous deux sont une réalité essentiellement contraire au projet de Dieu sur l’homme, qui n’a pas été fait pour la mort, mais pour la vie. Devant toute expression de mort, le Cur de Jésus s’est profondément ému, et par amour du Père et des hommes, ses frères, il a fait de sa vie un “prodigieux duel” contre la mort (Missel romain, Séquence de Pâques) : – par une parole il a restitué la vie physique à Lazare, au fils de la veuve de Naïn, à la fille de Jaïr – par la force de son amour miséricordieux il a redonné la vie spirituelle à Zachée, Marie de Magdala, à la femme adultère et à tous ceux qui ont su en reconnaître la présence salvifique.
Personne autant que Marie n’a fait l’expérience que le Cur de Jésus est “vie et résurrection” : – par lui, vie, Marie a reçu la vie de la grâce originelle et, dans l’écoute de sa parole et dans l’observation attentive de ses gestes salvifiques, elle a pu la conserver et la nourrir ; – par lui, résurrection, elle a été associée de façon particulière à la victoire sur la mort : le mystère de son Assomption, corps et âme, au Ciel est le témoignage consolant que la victoire du Christ sur le péché et sur la mort se prolonge dans les membres de son Corps mystique, avant tout en Marie, “membre suréminent” de l’Église (Lumen gentium, 53). Glorifiée au ciel, la Vierge est, avec son Cur de Mère, au service de la rédemption opérée par le Christ. “Mère de la vie”, elle est proche de toute femme qui donne naissance à un enfant, et présente près des fonts baptismaux où, par l’eau et l’Esprit (cf. Jean 3, 5), naissent les membres du Christ ; “Santé des infirmes”, elle est là où la vie languit, atteinte par la douleur et la maladie ; “Mère de miséricorde”, elle appelle ceux qui sont tombés sous le poids de, la faute à revenir aux sources de la vie ; “Refuge des pécheurs”, elle indique à ceux qui s’en sont éloignés, la voie qui ramène au Christ ; “Vierge des douleurs” près de son fils mourant (cf. Jean 19, 25), elle est là où la vie s’éteint. Invoquons-la avec l’Église : “Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort”.
Cur de Jésus, notre paix et notre réconciliation
En récitant avec foi cette belle invocation, un sentiment de confiance et de sécurité envahit notre âme : Jésus est vraiment notre paix, notre réconciliation suprême.
Jésus est notre paix. On connaît la signification biblique du terme “paix” : il indique, en synthèse, la somme des biens que Jésus, le Messie, a apportée aux hommes. C’est pourquoi, le don de la paix, marque le début de sa mission sur la terre, accompagne son déroulement, en constitue le couronnement. “Paix” chantent les anges à côté de la crèche du nouveau-né, “Prince de la paix” (cf. Luc 2, 14 ; Isaïe 9, 5). “Paix” est le souhait qui jaillit du Cur du Christ, ému par la misère de l’homme infirme de corps (cf. Luc 8, 48) ou d’esprit (cf. Luc 7, 50). “Paix” est le salut lumineux du Ressuscité à ses disciples (cf. Luc 24, 36 ; Jean 19, 26), qu’il confie, au moment de quitter cette terre à l’action de l’Esprit, source d’amour, joie paix” (Galates 5, 22).
Jésus est, en même temps, notre réconciliation. A la suite du péché s’est produite une profonde et mystérieuse fracture entre Dieu, le Créateur, et l’homme, sa créature. Toute l’histoire du salut, n’est autre que le compte rendu admirable des interventions de Dieu en faveur de l’homme, pour que celui-ci, dans la liberté et dans l’amour, revienne à lui ; pour qu’à la situation de fracture suive une situation de réconciliation et d’amitié, de communion et de paix.
Dans le cur du Christ, plein d’amour pour le Père et pour les hommes, ses frères, a eu lieu la parfaite réconciliation entre le ciel et la terre : “Nous fûmes réconciliés à Dieu par la mort de son Fils” (Romains 5, 10). Qui veut faire l’expérience de la réconciliation et de la paix, doit accueillir l’invitation du Seigneur et aller à lui (cf. Matthieu 11, 28).
Dans son Cur il trouvera la paix et le repos ; là, son doute se transformera en certitude ; l’inquiétude en tranquillité ; la tristesse en joie ; le trouble en sérénité. Là, il trouvera un soulagement à la douleur, du courage pour affronter la peur, de la générosité pour ne pas se rendre à la lâcheté et pour reprendre le chemin de l’espoir.
Le Cur de la Mère est en tout semblable au Cur du Fils. La bienheureuse Vierge, est elle aussi pour l’Église, une présence de paix et de réconciliation : n’est-ce pas elle, qui grâce à l’ange Gabriel, a reçu le plus grand message de réconciliation et de paix, que Dieu a jamais envoyé au genre humain ? (cf. Luc 1, 26-38). Marie a donné le jour à Celui qui est notre réconciliation. Elle était à côté de la Croix, lorsque dans le sang du Fils, Dieu a réconcilié “avec lui toute chose” (Colossiens 1, 20) ; à présent, glorifiée dans le ciel, elle a – comme le rappelle une prière liturgique – “un coeur rempli de miséricorde envers les pécheurs, qui tournent leur regard vers sa charité maternelle ; en elle, ils se réfugient et implorent le pardon” de Dieu (cf. Missel, Préface de la bienheureuse Vierge Marie).
Que Marie, Reine de la Paix, obtienne pour nous, du Christ, le don messianique de la paix et de la grâce de la réconciliation, pleine et éternelle, avec Dieu et avec nos frères. C’est pour cela que nous la prions.
Litanie du Sacré-Coeur
Seigneur, aie pitié de nous.
Christ, aie pitié de nous.
Seigneur, aie pitié de nous.
Christ, écoute-nous.
Christ, exauce-nous.
Père des cieux, toi qui es Dieu, aie pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde, toi qui es Dieu, aie pitié de nous.
Esprit-Saint, toi qui es Dieu, aie pitié de nous.
Trinité sainte, qui es un seul Dieu, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, le Fils du Père éternel, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, formé par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge-Mère, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, uni substantiellement au Verbe de Dieu, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, d’une majesté infinie, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, temple saint de Dieu, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, tabernacle du Très-Haut, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, maison de Dieu et porte du ciel, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, fournaise ardente de charité, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, sanctuaire de la justice et de l’amour, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, plein de bonté et d’amour, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, abîme de toutes les vertus, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, très digne de toutes louanges, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, roi et centre de tous les curs, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, en qui résident tous les trésors de la sagesse et de la science, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, en qui habite toute la plénitude de la divinité, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, en qui le Père a pris toutes ses complaisances, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, de la plénitude de qui nous avons tous reçu, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, le désiré des collines éternelles, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, patient et d’une immense miséricorde, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, riche à l’égard de tous ceux qui t’invoquent, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, source de vie et de sainteté, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, propitiation pour nos péchés, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, rassasié d’opprobres, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, brisé à cause de nos crimes, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, qui t’es fait obéissant jusqu’à la mort, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, transpercé par la lance, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, source de toute consolation, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, notre vie et notre résurrection, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, notre paix et notre réconciliation, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, victime des pécheurs, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, salut de ceux qui espèrent en toi, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, espérance de ceux qui meurent en toi, aie pitié de nous.
Cur de Jésus, délices de tous les saints, aie pitié de nous.
Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde, pardonne-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde, exauce-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde, aie pitié de nous, Seigneur.
V. Jésus, doux et humble de cur.
R. Fais nous un cur selon ton cur.
Oraison
Dieu éternel et tout puissant, regarde le Cur de ton Fils bien-aimé, ainsi que les louanges et satisfactions qu’il te présente au nom des pécheurs et, à ceux qui implorent ta miséricorde, avec faveur accorde ton pardon au nom de ce même Jésus-Christ, ton Fils, qui vit et règne avec toi, aux siècles des siècles. Amen.