Pour vivre ce temps de carême, nous vous proposons de réétudier le discours que Benoît XVI a adressé aux jeunes, le 12 Septembre dernier sur le parvis de Notre-Dame de Paris. Il a souhaité nous faire découvrir deux trésors, l’Esprit Saint et la Croix. Ces “thèmes” seront donc l’objet de plusieurs catéchèses d’évêques de France. Voici la première.
Je me souviens de la veillée à l’hippodrome de Randwick, lors des JMJ de 2008.
En pensant aux jeunes qui allaient être confirmés le lendemain matin, le Pape a dit à tous : « les dons de l’Esprit ne sont ni une récompense ni un titre de reconnaissance. Ils sont simplement donnés…Ce qui constitue notre foi, ce n’est pas en premier lieu ce que nous faisons mais ce que nous recevons ». Et le Pape a posé ces questions si importantes : « Amis, acceptez-vous d’être introduits dans la vie trinitaire de Dieu ? Acceptez-vous d’être introduits dans sa communion d’amour ? »
Par le baptême, je suis plongé dans la mort avec le Christ, c’est-à-dire dans la mort au péché, et je renais avec le Christ pour la vie cachée avec lui en Dieu. A la confirmation, je suis envoyé dans le monde avec la force et l’amour du même Esprit, celui du Père et du Fils. Et lors de chaque Eucharistie, je reçois la Parole vivante qui me nourrit et en qui je suis changé pour former avec tous les baptisés le corps du Christ ressuscité en qui sont abolies les divisions.
Etre chrétien, c’est accepter de recevoir le don de Dieu. C’est dire : je ne pars plus de moi-même et de ma force pour vivre et pour aimer, je pars et je repars toujours de l’amour dont Dieu m’aime et dont il aime chacun infiniment. Jésus me l’a montré et prouvé. Alors, nous pouvons nous laisser conduire et transformer par l’Esprit Saint qui répand dans nos cœurs l’amour de Dieu lui-même. On nous a oint d’un parfum au jour de la confirmation et on nous a dit : « Sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu ! »
Quand nous commençons à reconnaître et à croire au don de Dieu que Jésus a communiqué et a répandu, nous commençons à désirer de plus en plus le recevoir toujours. Ayant révélé à la femme de Samarie, le mystère de l’Esprit Saint qui est comme une eau vie jaillissante en nous, cette dernière s’est écriée devant Jésus : « Donne moi de cette eau là toujours. »
Je me souviens ce que disait le héros d’un roman américain contemporain au sujet de sa soif profonde d’aimer et d’être aimé. Il reconnaissait qu’il avait du mal à regarder les autres avec un regard entièrement bon et bienveillant ; il reconnaissait aussi qu’il avait du mal à aimer les autres et à recevoir l’amour des autres. Alors, il se disait à lui-même que Dieu seul pouvait, dans le fond, lui apprendre à regarder le monde avec une bienveillance continuelle, et lui apprendre à aimer et à être aimé. Il disait son immense attente d’un Dieu sauveur.
C’est justement lorsque nous sentons nous aussi notre pauvreté et disons-le notre incapacité à aimer jusqu’au bout, que nous pouvons supplier l’Esprit consolateur de nous recréer et nous entraîner dans la vie véritable. L’Esprit Saint, Esprit d’amour du Père et du Fils, met en nous la joie de l’unité avec les autres ; il met en nous l’amour persévérant de Dieu ; et il nous rend capable de donner et de recevoir sans crainte. Le pape nous a redit ces choses au cours de l’inoubliable veillée à Randwick. Il nous a ensuite encouragé, lors de sa visite en France quelques semaines plus tard : « Sydney a fait redécouvrir a de nombreux jeunes l’importance de l’Esprit Saint dans la vie du chrétien. L’Esprit nous met intimement en rapport avec Dieu, chez qui se trouve la source de toute richesse humaine authentique. Tous, vous cherchez à aimer et à être aimé ! C’est vers Dieu que vous devez vous tourner pour apprendre à aimer et pour avoir la force d’aimer. L’Esprit, qui est amour, peut ouvrir vos cœurs pour recevoir le don de l’amour authentique. »
Au début de ce temps de Carême, l’Esprit Saint nous pousse au désert, c’est-à-dire dans le lieu qui est inséparablement celui du combat spirituel et de la rencontre avec Dieu. Plutôt que d’ajouter des contraintes ou des résolutions ou des nouvelles activités à notre existence, nous devrions plutôt demander à être simplifiés toujours davantage, purifiés intérieurement, orientés à nouveau vers l’unique nécessaire : savoir que nous sommes aimés de Dieu et que nous pouvons aimer à notre tour simplement et en vérité comme lui nous aime.
Chers jeunes qui lirez cette brève catéchèse, je vous souhaite un temps de Carême rempli de la joie du Saint Esprit ; appuyez-vous toujours sur l’amour du Christ. Aimons passionnément l’Eglise car plus nous l’aimerons, plus nous aurons en nous le Saint Esprit.
+ Benoît RIVIERE
Evêque d’Autun, Chalon et Mâcon