Une réflexion de Mgr Gilson à propos des journées du patrimoine des 20 et 21 septembre 2003
Admirables, nos églises de campagne, nos collégiales d’Avallon ou de Montréal, notre abbatiale de Pontigny, nos cathédrales de Sens et d’Auxerre. . . et cette église moderne des Hauts d’Auxerre, Sainte-Geneviève, tout comme ma chapelle à l’archevêché! Admirables. Elles obligent le visiteur à regarder vers l’horizon sans frontière, et l’au-delà qui éclaire notre espérance humaine.
Car ces vêtements sculptés et lumineux de pierres et de verres ne sont pas des musées, encore moins des cimetières. Les églises, dans lesquelles se réfugie un spirituel trop souvent silencieux sur les places publiques, sont des maisons habitées. Elles ne sont que les habits de fête – ou de deuil! – d’un peuple qui reçoit de Dieu l’invitation de venir chez Lui, pour le rencontrer, le prier, le célébrer par une liturgie heureuse et vivante. Elles sont le livre d’or sur lequel chacun peut inscrire son regard, le battement de son coeur, la quête de son avenir, ses peines et ses joies, ses pensées secrètes, sa vocation terrestre et céleste, bref tout lui-même dans une intimité méditative vraie.
C’est pourquoi j’invite toutes les communautés chrétiennes de mon diocèse à offrir aux visiteurs d’un jour, le dimanche du patrimoine, un temps d’accueil et de prière liturgique. Rien d’extraordinaire ! Simplement des chants, des silences, de la musique.., et la célébration eucharistique autour de l’autel qui est l’image du Christ. L’église sera habitée comme l’est la maison d’une famille qui est heureuse d’inviter à sa table les voisins et les prochains ; elle offrira le chemin spirituel qui conduit toute personne à faire le passage intime et parfois aventuré: passer d’un regard admiratif de la maison de pierres et de verres à cette contemplation au coeur de sa conscience, de la lumière qui brille en elle-même. Chaque personne est une cathédrale. Sa valeur est infinie. Elle est habitée par l’Esprit,
L’autre dimanche, je présidais la célébration dominicale en l’abbatiale de Pontigny. Admirable! Elle parle d’elle-même, dans son grand manteau blanc. Je faisais ma méditation, assis dans une stalle du choeur, là où les moines autrefois se regroupaient pour le chant des psaumes et des cantiques, Le silence était chantant. Je fus distrait par les touristes qui en quelques les minutes faisaient le tour de l’église et prenaient de nombreuses photos. Silencieux. Respectueux. Saisis. Cependant mon désir d’homme de prière était grand de leur dire: Mais arrêtez-vous, oubliez votre caméra ou votre numérique…, prenez une chaise, laissez-vous mener à cette contemplation du mystère qui peuple ce lieu construit de mains d’hommes: ils avaient découvert l’immensité de leur âme habitée par Dieu reconnu en Christ dans le lumière de l’Esprit. Hommes de foi !
Le 12 septembre 2003