Par l’Ascension du Seigneur, “l’homme trouve une place en Dieu”, affirmait Benoît XVI, dans une de ses homélies, à l’occasion de cette fête, célébrée cette année le 10 mai.
Qu’est-ce que veut nous dire la fête de l’Ascension du Seigneur ? Elle ne veut pas nous dire que le Seigneur s’en est allé dans un lieu éloigné des hommes et du monde. L’Ascension du Christ n’est pas un voyage dans l’espace, vers les astres les plus lointains ; car, au fond, les astres sont eux aussi faits d’éléments physiques comme la terre. L’Ascension du Christ signifie qu’Il n’appartient plus au monde de la corruption et de la mort qui conditionne notre vie. Elle signifie qu’Il appartient totalement à Dieu. Lui – le Fils éternel – a conduit notre condition humaine aux côtés de Dieu, il a apporté avec lui la chair et le sang sous une forme transfigurée. L’homme trouve une place en Dieu ; à travers le Christ l’être humain a été conduit jusqu’à l’intérieur de la vie même de Dieu. Et, étant donné que Dieu embrasse et soutient l’univers tout entier, l’Ascension du Seigneur signifie que le Christ ne s’est pas éloigné de nous, mais que maintenant, grâce à Sa présence auprès du Père, il est proche de chacun de nous, pour toujours. Chacun de nous peut le tutoyer ; chacun peut l’appeler. Le Seigneur se trouve toujours à portée de voix. Nous pouvons nous éloigner de Lui intérieurement. Nous pouvons Lui tourner le dos. Mais Il nous attend toujours, et Il est toujours proche de nous.
De la lecture de la liturgie d’aujourd’hui nous apprenons également quelque chose de plus sur la manière concrète dont le Seigneur réalise cette façon d’être proche de nous. Le Seigneur promet son Esprit Saint aux disciples. La première lecture que nous avons entendue nous dit que l’Esprit Saint sera une « force » pour les disciples ; l’Evangile ajoute qu’il sera le guide vers la Vérité tout entière. Jésus a tout dit à ses disciples, étant lui-même la Parole vivante de Dieu, et Dieu ne peut pas donner plus que lui-même. En Jésus, Dieu s’est entièrement donné à nous – c’est-à-dire qu’il nous a tout donné. En plus de cela, ou à côté de cela, il ne peut exister aucune autre révélation en mesure de transmettre davantage ou de compléter, de quelque manière que ce soit, la Révélation du Christ. En Lui, dans le Fils, tout nous a été dit, tout nous a été donné. Mais notre capacité de comprendre est limitée ; c’est pourquoi la mission de l’Esprit est d’introduire l’Eglise de façon toujours nouvelle, de génération en génération, dans la grandeur du mystère du Christ. L’Esprit ne présente rien de différent et de nouveau à côté du Christ ; il n’y a aucune révélation pneumatique à côté de celle du Christ – comme certains le croient -, aucun deuxième niveau de Révélation. Non : « c’est de mon bien qu’il recevra », dit le Christ dans l’Evangile (Jn 16,14). Et de même que le Christ dit seulement ce qu’il sent et reçoit du Père, de même l’Esprit Saint est l’interprète du Christ. « C’est de mon bien qu’il recevra ». Il ne nous conduit pas dans d’autres lieux, éloignés du Christ, mais il nous conduits toujours davantage dans la lumière du Christ. C’est pourquoi la révélation chrétienne est, dans le même temps, toujours ancienne et toujours nouvelle. C’est pourquoi tout nous est toujours et déjà donné. Dans le même temps, chaque génération, dans la rencontre infinie avec le Seigneur – rencontre qui a lieu à travers l’Esprit Saint – apprend toujours quelque chose de nouveau.
Ainsi, l’Esprit Saint est la force à travers laquelle le Christ nous fait ressentir sa proximité. Mais la première lecture dit également une deuxième parole : vous serez mes témoins. Le Christ ressuscité a besoin de témoins qui l’ont rencontré, d’hommes qui l’ont connu intimement à travers la force de l’Esprit Saint. D’hommes qui l’ayant, pour ainsi dire, touché du doigt, peuvent en témoigner. C’est ainsi que l’Eglise, la famille du Christ, a grandi de « Jérusalem… jusqu’aux extrémités de la terre », comme le dit la lecture. C’est à travers les témoins que l’Eglise a été construite – à commencer par Pierre et par Paul, et par les Douze, jusqu’à tous les hommes et toutes les femmes qui, comblés du Christ, ont rallumé et rallumeront au cours des siècles de manière toujours nouvelle la flamme de la foi. Chaque chrétien, à sa façon, peut et doit être le témoin du Seigneur ressuscité. Quand nous lisons les noms des saints nous pouvons voir combien de fois ils ont été – et continuent à être – tout d’abord des hommes simples, des hommes dont émanait – et émane – une lumière resplendissante capable de conduire au Christ(…).