Arrêtons nous en la nuit de Noël pour méditer la venue de l’Enfant-Dieu “selon la chair.”
« Paul, serviteur du Christ Jésus, apôtre par vocation, mis à part pour annoncer l’Evangile de Dieu, que d’avance il avait promis par ses prophètes dans les saintes Ecritures, concernant son Fils, issu de la lignée de David selon la chair, établi Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection des morts » (Rm 1, 1-4) : telle est la proclamation qui ouvre la lettre aux Romains.
Qu’il nous est donc doux dans cette nuit très sainte de Noël, nuit qui inaugure notre salut et le salut de l’humanité, de nous arrêter devant la crèche et de méditer la venue de l’Enfant-Dieu « selon la chair », événement qui appartient à l’histoire de l’humanité et qui s’est déroulée un jour du temps. On a parfois l’impression de nos jours, avec les cadeaux, les guirlandes, les lumières, les pères noël et les sapins que cette fête n’est qu’un beau rêve qui permet, pour un temps, de s’abstraire des difficultés. Mais Noël n’est nullement fait pour ça. Ce n’est pas un beau rêve qui s’estompe à peine éteintes les lumières de la fête.
Il s’agit d’un événement de l’histoire réelle et non d’une pieuse légende à raconter aux enfants avant de s’endormir. Jésus est né dans un lieu et un temps précis de l’histoire. L’Empereur Auguste nous permet de dater sa venue.
Sans le savoir, Auguste entre dans l’Histoire avec un grand H, l’histoire où Dieu se rend présent. Par le recensement, Auguste, se croyant le plus puissant de la terre, va permettre, au Fils de Dieu de naître à Bethléem, d’accomplir la promesse de Dieu annoncée par le prophète Michée : « Et toi, (Bethléem) Ephrata, le moindre des clans de Juda, c’est de toi que me naîtra celui qui doit régner sur Israël » (Mi 5, 1). Auguste, qui vivait dans l’opulence, ne s’est même pas aperçu que naissait dans la ville royale des rois de Juda, pauvre parmi les pauvres, le Roi des Rois, le Maître du temps et de l’histoire.
Tel est le paradoxe de Noël : des événements de l’histoire événementielle s’entremêlent avec un événement spirituel unique dans toute l’histoire de l’humanité. « Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ». L’aujourd’hui prononcé par l’ange était attendu depuis longtemps par des générations espérant la venue du Messie. Mais seuls ceux qui veillaient dans la nuit ont pu entendre ce cri de joie : « Aujourd’hui ».
Ceux qui, comme l’Empereur, sont enfermés dans leurs certitudes et dans leurs richesses sont incapables de reconnaître l’événement qui se déroule sous leurs yeux. L’aujourd’hui entendu par des bergers résonne encore en notre temps ; c’est un aujourd’hui qui dure toujours ; la naissance de Jésus est un événement qui s’inscrit dans l’histoire, mais qui en même temps bouleverse totalement le sens de l’histoire.
Par sa naissance dans l’histoire, Jésus, qui existe de toute éternité, entre dans le temps. La naissance de Jésus est l’aujourd’hui permanent de Dieu, car Dieu est pour toujours présent dans le monde, dans notre histoire, dans l’histoire de l’humanité. Depuis le message de l’ange, plus jamais le monde ne se refermera sur lui-même, plus jamais le monde ne pourra totalement manquer d’espérance, s’il sait se tourner vers l’aujourd’hui de Bethléem.
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur ». Que cette phrase éclaire notre nuit comme une lumière resplendissante et nous accompagne chaque jour. Si nous ouvrons notre cœur à cet aujourd’hui de Dieu, alors notre histoire personnelle sera associée à l’histoire du Sauveur et nous pourrons être dans la joie et dans l’espérance, car notre histoire nous conduit vers la lumière véritable, vers l’amour sans fin auprès du Père, dont Jésus est le visage d’amour et de tendresse. Ouvrons nos cœurs à cet aujourd’hui de Dieu pour que cette heure inonde nos journées de la lumière paisible de l’enfant de Bethléem.
« Seigneur nous te louons pour la parole de l’ange qui nous annonce la grande joie de l’aujourd’hui du salut. Que ta gloire nous enveloppe de sa lumière et de sa paix, pour que nous soyons habités de la même joie que les bergers et que, comme eux, nous marchions en hâte vers le lieu de notre salut. Seigneur Jésus, fais nous reconnaître que le salut est un aujourd’hui pour nous et qu’il éclaire nos journées d’une lumière d’espérance. Ainsi, avec toi, nous pourrons marcher joyeux sur la route de la vie, jusqu’au jour de notre naissance au ciel ».
JOYEUX NOËL !