“Même quand on se retrouve à prier ensemble pour la paix, il faut que la prière se déroule selon les chemins différents qui sont propres à chaque religion”.
« Pour ne pas se méprendre sur le sens de ce que Jean-Paul II voulut réaliser en 1986 et que l’on qualifie habituellement “d’esprit d’Assise”, il est important de ne pas oublier le soin qui fut mis à ce que la rencontre interreligieuse de prière ne se prête pas à des interprétations syncrétistes, fondées sur une conception relativiste. Dès le début, pour cette raison, Jean-Paul II déclara : “Le fait que nous sommes venus ici n’implique aucune intention de rechercher un consensus religieux entre nous ou de négocier nos convictions de foi. Cela ne signifie pas non plus que les religions peuvent se réconcilier sur le plan d’un engagement commun dans un projet terrestre qui les surpasserait toutes. Ce n’est pas non plus une concession au relativisme dans les croyances religieuses…”. Je désire rappeler ce principe, qui constitue le présupposé de ce dialogue entre les religions, que souhaita le concile Vatican II il y a quarante ans, sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes (cf Nostra Aetate, 2) ».
C’est un passage du long message que le Saint-Père Benoît XVI a envoyé à l’évêque d’Assise-Nocera Umbra-Gualdo Tadino, Mgr Domenico Sorrentino, à l’occasion du vingtième anniversaire de la Rencontre Interreligieuse de Prière pour la Paix, qui se déroule à Assise les 4 et 5 septembre. Cette année rappelle en effet le vingtième anniversaire de la Rencontre Interreligieuse voulue par Jean-Paul II, qui le 27 octobre 1986 invita à Assise les chrétiens de différentes confessions et les croyants des diverses religions.
Dans son Message pour la circonstance, le Saint-Père Benoît XVI adresse un salut particulier aux participants des autres religions présentes à la rencontre, et souligne : « Je profite volontiers de l’occasion pour saluer les participants des autres religions qui prennent part à l’une ou l’autre des commémorations d’Assise. Comme nous chrétiens, eux aussi savent que dans la prière il est possible de faire une expérience particulière de Dieu, et en tirent des stimulations efficaces pour se consacrer à la cause de la paix. Il est bon cependant, à ce propos, d’éviter d’inutiles confusions. Même quand on se retrouve à prier ensemble pour la paix, il faut que la prière se déroule selon les chemins distincts qui sont propres à chaque religion. Tel fut le choix de 1986, et ce choix ne peut pas ne pas rester valable encore aujourd’hui. La convergence des diversités ne soit pas donner l’impression de céder à ce relativisme qui nie la signification même de la vérité et la possibilité de l’atteindre ».
Le Pape Benoît XVI rappelle les nombreuses initiatives jaillies de la Rencontre de 1986, qui « chacune avec sa spécificité, mettent en évidence la valeur de l’intuition de Jean-Paul II, et en montrent l’actualité à la lumière des événements arrivés ces vingt dernières années et de la situation présente de l’humanité ». En outre le Message souligne que pour construire la paix « les voies d’ordre culturelles, politique, et économiques sont certes importantes. Mais en premier lieu la paix se construit dans les cœurs. C’est là en effet que se développent des sentiments qui peuvent l’alimenter, ou au contraire la menacer, l’affaiblir, l’étouffer. Le cœur de l’homme, d’autre part, est le lieu des interventions de Dieu. Par conséquent, à côté de la dimension « horizontale » des rapports avec les autres hommes, d’une importance fondamentale, se révèle, dans ce domaine, la dimension « verticale » du rapport de chacun avec Dieu, dans lequel chaque chose a son fondement ».
Dans sa conclusion, le Saint-Père Benoît XVI rappelle le choix de la Cité d’Assise, « universellement connue pour la figure de Saint François » et souligne : « Le témoignage qu’il rendit à son époque en fait un point de repère naturel pour tous ceux qui encore aujourd’hui cultivent l’idéal de la paix, du respect de la nature, du dialogue entre les personnes, entre les religions et les cultures. Il est cependant important de rappeler, si l’on ne veut pas trahir son message, que ce fut le choix radical du Christ de lui fournir la clé de la compréhension de la fraternité à laquelle tous les hommes sont appelés, et à laquelle les créatures inanimées – depuis « frère soleil » à « sœur lune » – participent aussi d’une certaine manière. J’aime par conséquent rappeler que, en coïncidence avec le vingtième anniversaire de l’initiative de prière pour la paix de Jean-Paul II, a lieu aussi le huitième centenaire de la conversion de Saint François. Les deux commémorations s’éclairent réciproquement. C’est dans les paroles qui lui sont adressées par le Crucifix de Saint Damien – « Va, François, répare ma maison… », dans son choix de pauvreté radicale, dans le baiser au lépreux dans lequel s’exprime sa nouvelle aptitude à voir et à aimer le Christ dans ses frères souffrants, que commençait cette aventure humaine et chrétienne qui continue à fasciner de nombreux hommes de notre temps et fait de cette Cité le but d’innombrables pèlerinages ».