Soixante jours après Pâques, nous célébrons la fête du Corps et du sang du Christ appelée autrefois fête Dieu. Voici une réflexion d’un séminariste du diocèse de Saint-Claude sur le sens de cette fête.
Je suis personnellement très attaché à cette fête, la raison ne vous échappera sans doute pas, puisque c’est en tant que séminariste que je m’adresse à vous. Fêter le Christ dans son Corps et son Sang peut paraître incongru, car à chaque célébration dominicale nous nous réunissons pour cela : nous nourrir de Celui qui nous dit : “Je suis le Pain Vivant descendu du ciel. Qui mange ce pain vivra à jamais. Et même le pain que je donnerai c’est ma chair pour la vie du monde” (Jn6,51).
Notre démarche dominicale est en fait un appel du Seigneur, ce n’est pas tant nous qui venons, que Lui qui nous convie à son banquet pascal. Voilà pour moi le sens de la fête que nous venons de célébrer. Elle vient nous rappeler, que ce qui nous sauve ce ne sont pas nos œuvres, ni notre volonté d’être sauvés, mais c’est ce don unique, fait une fois pour toutes par Jésus dans sa Passion et sa Résurrection.
Et ce don est un sacrifice, autant qu’il est un repas. Ce mot sacrifice a du mal à passer dans notre monde, dans notre société, et même dans l’Église qui est frileuse quant à son emploi. Trop souvent lié à des visions “masochiste” ou “sadique” d’un Dieu tout puissant qui laisse “négocier” son Fils sur la croix. Je préfère y voir le sacrifice d’amour, le sacrifice de louange d’un Fils qui n’a de cœur que tourné vers son Père et vers les hommes. Le Christ s’offre non par désir de la douleur, non par goût de la souffrance, mais pour pouvoir rejoindre chacun de nous dans sa vie, ses douleurs et ses souffrances. Sur la Croix, Dieu le Fils n’a pas supprimé la souffrance, il s’est étendu dessus, pour que là où un homme souffrirait, il ne soit désormais plus seul dans son combat.
Voilà donc ce qui est célébré à chaque Eucharistie : le don d’amour total du Fils au Père, dans la pleine confiance pour être au plus proche de chaque homme. Ainsi à chaque Eucharistie nous rendons gloire à Dieu et prions pour le salut du monde. Nous venons ainsi nous nourrir à la table de la Parole et à celle du Pain. C’est cela que nous fêtons dans la solennité du Saint Sacrement : le Christ se donne à nous, par la main des prêtres, pour que, “quand tes fidèles communient à ce sacrement, tu les sanctifies pour que tous les hommes, habitant le même univers, soient éclairés par la même foi et réunis par la même charité. Nous venons à la table d’un si grand mystère nous imprégner de ta grâce et connaître déjà la vie du Royaume” (préface de la messe du Saint Sacrement).
C’est en voyant les prêtres célébrer l’Eucharistie et consacrer les offrandes que je me suis senti appelé à devenir prêtre, pour qu’à mon tour je réponde à cette demande de Jésus : “donnez-leur vous-mêmes à manger.” (Lc9,13).
Tel est pour moi le sens de l’Eucharistie, je viens y puiser, invité par le Christ, la charité dont j’aime les hommes et je viens également par ma présence à la messe offrir à Dieu, par le Christ, tout ce que je suis et tout ce que sont les hommes : leurs joies et leurs peines toute leur vie.
A travers notre communion, devenus chacun “tabernacle” du Christ, nous pouvons irradier la Lumière de l’Amour du Père et annoncer avec toute l’Église le Salut offert pour tous les hommes.
Communier au Corps du Christ, vous l’aurez compris, c’est recevoir le Royaume et lancer au Christ notre seule prière : “Viens Seigneur Jésus!”. Alors à chacun de vous je dis : choissiez la Vie, le Seigneur est là qui vous appelle, venez recevoir son Amour, sa Vie et allez le dire le monde entier!