150 ans après la naissance de Freud, comment les chrétiens voient-ils la psychanalyse ? Pour Jacques Arènes, le temps a laissé apparaître, dans un monde matérialiste, une proximité anthropologique qui atténue la méfiance.
On commémorait samedi le 150e anniversaire de la naissance de Sigmund Freud. C’était le 6 mai 1856. Le père de la psychanalyse a exercé à Vienne en Autriche, où de nombreuses manifestations étaient prévues… Moins nombreuses, cependant, que celles consacrées à la naissance de Mozart. Cet anniversaire est l’occasion de revenir sur la psychanalyse. Comment l’Eglise voit-elle aujourd’hui cette étude de l’inconscient ? C’est la question qu’Hélène Destombes a posée à Jacques Arènes, spécialiste de la question. Il est psychanaliste et auteur de Oubli de soi, souci de soi, aux éditions Bayard
“Il y a quand même encore une méfiance – réciproque d’ailleurs, dans le monde psy il y a une partie des psy qui sont encore assez méfiants vis-à-vis des religions, parce que quand même il y a encore beaucoup encore dans le monde psychanalytique des personnes qui sont très antireligieuses – mais je crois que c’est beaucoup plus dépassionné en tout cas dans l’Eglise. Il y a encore dans les milieux très traditionnels effectivement des gens qui considèrent que la psychanalyse gomme notamment la foi.
On s’aperçoit quand même qu’il y a une parenté anthropologique entre la psychanalyse et le judéo-christianisme. Il y a une anthropologie en psychanalyse, une vision de l’homme, qui correspond peu ou prou à la vision judéo-chrétienne de l’homme : les différences comme étant importantes ; accorder aussi un aspect essentiel à la dimension de la parole, la parole comme guérissante, la parole comme structurante ; l’extrême importance de l’intériorité, la manière de construire son intériorité ; l’importance de l’histoire et de la narration sur sa propre histoire…
Donc je crois que maintenant dans les milieux d’Eglise, dans un monde qui est quand même de plus en plus matérialiste, on s’aperçoit du coup, me semble-t-il, le monde chrétien est moins méfiant.”