Personne ne peut se contenter des connaissances apprises autrefois. Si la Foi reste toujours la même, on n’a jamais fini “de comprendre ce que l’on croit et de croire ce que l’on comprend”. Il faut aussi apprendre à parler de sa foi – pour en témoigner mais aussi pour la nourrir.
L’un de mes beaux-frères, qui a vécu plusieurs années aux USA, a été frappé par la remarque d’un collègue de travail : « tu passes beaucoup de temps à développer ta compétence dans ta profession, dans le sport, dans tes connaissances culturelles. Car rien n’est évident. Et tu t’étonnes de ne pas rencontrer Dieu instantanément. Quel temps consacres-tu à améliorer ta relation à Dieu ?».
(…) La formation chrétienne a toujours été nécessaire. Elle l’est plus que jamais. Personne ne peut plus, en aucun domaine, se contenter de ses connaissances initiales. Tout évolue. Et si le contenu de la foi reste toujours le même, la manière de l’exprimer et de le vivre change. On n’a jamais fini de comprendre ce que l’on croit et de croire ce que l’on comprend.
D’autant que des questions radicalement nouvelles se posent. La répétition de formules conçues dans une culture ancienne ne suffit pas à rendre compte de l’Evangile dans sa nouveauté permanente. Comme le pape le disait, à Reims, en septembre 1996, « l’Eglise est toujours une Eglise du temps présent. Elle ne regarde pas son héritage comme le trésor d’un passé révolu mais comme une puissante inspiration pour avancer dans le pèlerinage de la foi sur des chemins toujours nouveaux ».
Ce n’est pas seulement l’intelligence qui est concernée par ce renouvellement permanent. C’est tout l’être chrétien, dans la diversité de ses dimensions, depuis l’expression corporelle jusqu’à sa vie spirituelle et même mystique. D’autant que l’appropriation du contenu de la foi n’est pas la seule finalité d’une démarche formatrice. Compte également l’acquisition d’une compétence dans l’exercice de responsabilités au sein de l’Eglise.
S’approprier le contenu de la foi en connaissant mieux la Parole de Dieu, la théologie, l’histoire de l’Eglise, les sacrements et les spiritualités permet de structurer sa vie chrétienne, de se donner une colonne vertébrale. Et non pas d’emmagasiner simplement des connaissances. On n’a jamais fini de devenir chrétien.
Quant à la pratique des responsabilités, chacun a tendance à se contenter de l’action et même à verser dans l’activisme, au risque de devenir propriétaire de sa fonction. La formation permet justement de prendre du recul et d’analyser son agir pour l’améliorer. Ainsi se développe le sens de l’Eglise qui est de participer à l’uvre de Dieu, sans s’installer à son propre compte.
Une dynamique de formation permet encore d’apprendre à parler de sa foi et, de la sorte, à la nourrir. Un amour qui ne se parle pas dépérit. De même, une foi qui ne s’exprime pas s’anémie. L’expression liturgique, si elle est essentielle, n’est pas suffisante. Comme il serait bénéfique pour la vitalité de l’Eglise si les chrétiens se donnaient un peu de temps pour trouver les mots qui disent leur foi, leur espérance et leur action de grâces.
On ne répètera jamais assez avec saint Paul que la raison d’être de la formation est d’aboutir « à ce que le Christ soit formé en chaque chrétien » (Galates 4, 19)