Le dictionnaire historique de la langue française révèle que le mot carnaval vient d’un mot italien du XIIIème siècle signifiant « ôter la viande ». Le sens premier du mot a donc pu être « entrée en carême », puis veille de l’entrée en carême caractérisée par ripailles et réjouissances…
Le carnaval de Granville
Tout en faisant rêver, le téléfilm Entre terre et mer rend hommage aux agriculteurs marins que les armateurs de Granville, de Cancale ou d’Honfleur, embauchaient pour les campagnes morutières de Terre-Neuve. Combien de fils de fermes du pays Granvillais quittaient ainsi les exploitations familiales, incapables de les faire vivre, pour embarquer avec les doris sur les grands voiliers. Les amarres étaient larguées juste avant le Carême. Le départ était précédé de libations et de festivités durant lesquelles la solde des marins était souvent engloutie. Nos ancêtres avaient le goût de la fête et de ses excès avant d’affronter durant neuf mois les périls de la mer, un travail difficile et des conditions de vie éprouvantes. Comme l’initiation est toujours à reprendre, il faut rappeler que le carnaval de Granville a pris naissance dans ces préludes aux voyages incertains.
L’histoire du mot “Carnaval”
Le dictionnaire historique de la langue française révèle que le mot carnaval vient d’un mot italien du XIIIème siècle signifiant “ôter la viande”. Le sens premier du mot a donc pu être “entrée en carême”, puis veille de l’entrée en carême caractérisée par ripailles et réjouissances. Là encore, il faut rappeler les liens entre carnaval et carême, la dimension festive précédant l’austérité, elle-même annonçant la fête de Pâques. Le Carême chrétien veut faire vivre d’une façon actualisée la marche du Peuple de l’Alliance, quittant le pays d’esclavage pour une longue et pénible marche vers une terre de promesse où coulent le lait et le miel. Notons que le départ des Hébreux fut précédé d’un repas de fête.
L’histoire du mot “Carême”
Il vient du latin populaire quarésima, lui-même dérivé du latin classique quadragesima : quarante. Entre mardi-gras et Pâques, le carême dure quarante-six jours, rappelant les quarante années de traversée du désert du peuple choisi.
Conseils évangéliques du Carême
Puisque la communication chrétienne est plutôt ternaire, le Carême s’appuie sur trois piliers : le jeûne (ôter la viande), la prière (sa ténacité, sa gratuité) et l’aumône (ne fermez pas les yeux sur la misère).
Mais ces trois pratiques n’auraient pas de sens si elles n’étaient pas encadrées par des moments de fête où s’exprime le désir de vivre et de revivre dans une communion universelle. Les recommandations évangéliques leur donnent un supplément de vie et de vérité : “Quand tu jeûnes, parfume-toi”, “quand tu pries, cache-toi”, “quand tu donnes, sois discret”. Jésus met donc en garde contre des tentations de faces de carême. “Tu choisiras la vie et non pas la mort ou la morosité !”
Par ailleurs, en invitant au secret, le Frère des hommes, Fils de Dieu, préfère la vérité de la rencontre avec notre Créateur à l’hypocrisie du bien-pensant. Dans un environnement culturel porté sur l’exhibitionnisme de la vie privée, sur la douleur donnée en spectacle, sur l’art de l’esbroufe et sur la délation, il n’est pas inutile d’entendre l’éloge du secret. Les plus beaux édifices religieux reposent sur une crypte. La plus belle humanité s’appuie sur le secret des sentiments et de la foi.