La particularité d’Ivan Merz s’inscrit dans sa recherche permanente de la vérité. C’était sa quête quotidienne, sa raison de vivre. Et c’est ce qui l’a porté aussi loin dans le renouveau liturgique. Car il s’est littéralement immergé dans le mystère de l’Eglise, et en a retiré des certitudes implacables, qui sont autant de conseils dans le choix de vie catholique.
Prier et vivre l’Eglise
Tout d’abord, Merz a écrit très tôt que prier signifie la foi, et que la foi sans la prière est chose morte. La prière doit donc être réfléchie, consciente, réelle et vécue comme une véritable résolution. Elle porte l’Eglise et le monde, elle est la reconnaissance et le dialogue avec Dieu. Ivan Merz préfère donc la prière liturgique, sans rejetter la prière individuelle. Pour lui, la valeur de la prière ne dépend pas de sa longueur, mais de sa réalité.
Selon Dusan Zankko, ce jeune croate «a tant physiquement, spirituellement, porté l’Eglise dans son être, qu’il sentait en être un élément vivant. Toute son âme était amour pour l’Eglise, amour dans l’Eglise». Ivan Merz voulait en effet être un fils véritable pour l’Eglise, par la prière, la liturgie et les sacrements, en vivant vraiment les mystères de l’Eglise. Pour lui, la liturgie est la vie de l’Eglise, «véritable, objective, attrayante, magnifique et universelle». Elle procure une joie immense, en anticipant ici-bas la liturgie céleste. Du coup, elle a des caractéristiques sociales fortes : elle procure la paix, l’égalité, la fraternité, l’attention à l’autre. «Elle unie les hommes entre eux et les relie aux cieux» décrivait Merz.
L’Eucharistie au coeur de la vie
Du coup, Ivan Merz place la messe au coeur de la vie chrétienne. L’Eucharistie est au centre de la liturgie, et doit être au coeur de la journée. C’est elle qui rend éternel le don de Dieu pour le monde et l’humanité. Pour Merz, la messe nous permet de nous offrir au Christ en le portant en nous, et cette offrande, pour être entière, doit s’accompagner de la communion, summum de la messe et de la liturgie.
Le chant d’église également occupe chez lui une place très importante pour la messe. «Il faut que l’Eglise l’on ressente la joie et l’espoir, ce qu’apporte le chant dont l’Eglise a toujours pris soin». Ces chants participent de l’eucharistie et doivent donc être associés à la liturgie, suivre les rites et les fêtes de l’Eglise.
Son apostolat et son désir profond consistaient donc à enseigner la liturgie aux jeunes croates catholiques. Missel en main, chants vivants et vécus, implication totale de l’être. C’est cette participation active qui permet le renouveau religieux.
Précurseur avant le concile
Toutes ces idées, Merz les a défendu quarante ans avant le concile Vatican II, qui les validera, parmi d’autres résolutions. C’est pourquoi le jeune croate est considéré aujourd’hui comme un précurseur du renouveau liturgique. Ce qui fait dire à Marin Skarica: «Ivan Merz a conçu des visions prophétiques propres au concile et a contribué à ce que se développe une vie chrétienne authentique chez de nombreux catholiques croates(…)». En ajoutant, à son tour visionnaire, peut-être : «Il est pour nous un homme, un apôtre, un saint, dont on doit suivre l’oeuvre et l’enseignement».