1er volet de la réflexion autour du thème du pélerinage des étudiants d’Ile de France à Chartres : “Sur les pas du désir”
Cette question de Jésus à Bartimée s’adresse à chacun d’entre nous et nous renvoie à l’expression de nos propres désirs. Dans ce premier temps de chapitre, nous essayerons de savoir ce qu’est le désir. La Bible et les philosophes nous rappellent que l’homme est un être de désirs, en placant le désir comme partie intégrante de la nature humaine.
Après avoir pris le temps de se présenter (qui suis-je ? que fais-je dans la vie ? Qu’est-ce que j’attends du pèlerinage ? ) chacun pourra s’exprimer sur la manière dont le thème le concerne, éventuellement en s’aidant des questions ci-après. L’important dans ce premier temps de chapitre, c’est de faire connaissance et de découvrir ce thème du désir.
1) Le désir, un mot à clarifier :
L’ambiguïté de la notion du désir peut faire que nous la comprenions de façon différente, nous essayerons donc de savoir ce que ce terme signifie pour nous en nous appuyant sur des exemples concrets.
– Qu’est-ce que le désir ? Un besoin, une envie, une raison de vivre ?
– Est-ce quelque chose de grand, qui nous dépasse, nous ouvre vers les autres et vers Dieu ?
– Au contraire, le désir me renferme-t-il sur moi-même ? Est-ce quelque chose qui me lie, qui doit être assouvi ( argent, pouvoir, sexe ) et mène à une jouissance égoïste ?
2. La connaissance de nos désirs :
– Tel Bartimée me suis-je déjà posé la question de mon désir le plus profond ?
– Est- ce facile de connaître mes vrais désirs de savoir ce qui peut me faire grandir dans l’existence, « d’être plus » ? Y a-t-il des situations qui m’aident à prendre conscience de mes désirs ( joie, souffrance, pauvreté
)
– Au contraire, ai-je une absence de vrai désir? Cela rend-il ma vie difficile ?
3. L’expression de ses désirs :
– Enfin, est ce que j’ose exprimer mes désirs ? Les dévoiler, c’est se dévoiler soi même en montrant ce qui nous touche le plus. Puis-je en faire part à ma famille, à mes amis, à Dieu
. ?
– Les autres, comme la foule pour Bartimée, sont-ils des obstacles ou des soutiens pour clarifier et exprimer mes désirs ?
– De manière plus générale est-ce que j’accepte de demander des choses aux autres, et du même coup de dépendre d’eux ? Ou au contraire est-ce que je préfère tout faire par moi-même ?
Des questions en suspens ou des affirmations fortes que mon chapitre voudrait partager avec d’autres peuvent être rédigées pour le temps d’interchapitre qui aura lieu dimanche matin
Après ce temps de partage et de rencontre autour du thème du désir, nous lisons en chapitre deux textes qui vont guider notre réflexion durant ce pèlerinage :
Salomon et le songe de Gabaon (1 Rois 3, 5-15) :
« A Gabaôn, le Seigneur apparut la nuit en songe à Salomon. Dieu dit : Demande ce que je dois te donner’.
Salomon répondit : Tu as témoigné une grande bienveillance à ton serviteur David, mon père, et celui-ci a marché devant toi dans la fidélité, la justice et la droiture du cur ; tu lui as gardé cette grande bienveillance et tu as permis qu’un de ses fils soit aujourd’hui assis sur son trône. Maintenant, Seigneur mon Dieu, tu as établi roi ton serviteur à la place de mon père David, et moi, je suis un tout jeune homme, je ne sais pas agir en chef. Ton serviteur est au milieu du peuple que tu as élu, un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut le compter ni le recenser. Donne à ton serviteur un cur plein de jugement pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal, car qui pourrait gouverner ton peuple, qui est si grand ?’
Il plut au regard du Seigneur que Salomon ait fait cette demande ; et Dieu lui dit : Parce que tu as demandé cela, que tu n’as pas demandé pour toi de longs jours, ni la richesse, ni la vie de tes ennemis, mais que tu as demandé pour toi le discernement du jugement, voici que je fais ce que tu as dit : je te donne un cur sage et intelligent comme personne ne l’a eu avant toi et comme personne ne l’aura après toi. Et même ce que tu n’as pas demandé, je te le donne aussi : une richesse et une gloire comme à personne parmi les rois. Et si tu suis mes voies, gardant mes lois et mes commandements comme a fait ton père David, je t’accorderai une longue vie’.
Salomon s’éveilla et voilà que c’était un songe. Il rentra à Jérusalem et se tint devant l’arche d’alliance du Seigneur ; il offrit des holocaustes et des sacrifices de communion et donna un banquet à tous ses serviteurs ».
L’aveugle Bartimée (Marc 10, 46-52) :
« Ils arrivent à Jéricho. Et comme il sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule considérable, le fils de Timée (Bartimée), un mendiant aveugle, était assis au bord du chemin. Quand il apprit que c’était Jésus le Nazarénien, il se mit à crier : Fils de David, Jésus, aie pitié de moi !’ Et beaucoup le rabrouaient pour lui imposer le silence, mais il criait de plus belle : Fils de David, aie pitié de moi !’
Jésus s’arrêta et dit : Appelez-le’. On appelle l’aveugle en disant : Aie confiance ! lève-toi il t’appelle’. Et lui, rejetant son manteau, bondit et vint à Jésus. Alors Jésus lui adressa la parole : Que veux-tu que je fasse pour toi ?’ L’aveugle lui répondit : Rabbouni, que je recouvre la vue !’ Et aussitôt il recouvra la vue et il cheminait à sa suite ».
DES TEXTES POUR M’AIDER A LA REFLEXION :
« Où est l’homme épris de la vie,
qui aime les jours où l’on voit le bonheur ? (Ps 34(33), 13)
Tel est le disciple auquel l’Evangile un jour aussi s’adressera : un homme de désir, un homme passionné de vie, un homme à la recherche du bonheur. « Que cherchez-vous ? », sera la première question posée par Jésus, ses premiers mots à ses premiers disciples en saint Jean (Jn 1,38). Dieu n’est pas en quête d’âmes molles et désenchantées, sans idéal ni enthousiasme, mais d’hommes capables de tout sacrifier pour acquérir le Bonheur, le seul et vrai bonheur qui compte, celui que chanteront les Béatitudes (Mt 5). La grâce ne bâtit rien sur des natures indolentes et sans désir. Il faut pouvoir s’offrir à Dieu, aussi limité qu’on soit, dans la plénitude de ses moyens, avec toutes ses aspirations. Saint Benoît, dans sa Règle, interroge ses disciples presque avec les mêmes mots : « Qui est celui, dit-il, qui désire la vie et souhaite voir des jours heureux ? » »
Blaise Arminjon, Sur la lyre à dix cordes.
La perfection suprême est, pour le bouddhisme, de tuer le désir’. Que les hommes de la Bible, même les plus proches de Dieu, paraissent éloignés de ce rêve ! la Bible est au contraire pleine du tumulte et du conflit de toutes les formes du désir. Certes, elle est loin de les approuver toutes, et les désirs les plus purs doivent connaître une purification radicale, mais c’est ainsi qu’ils prennent toute leur force et donnent à l’existence de l’homme toute sa valeur.
Commencement de l’article Désir’ dans le Vocabulaire de Théologie Biblique