Troisième et dernier volet de la réflexion autour du thème du pélerinage des étudiants d’Ile de France à Chartres : “Sur les pas du désir”
La rencontre avec le Seigneur ne laisse pas indifférent mais elle transforme et porte toujours du fruit. Bartimée comme Salomon se sont mis en mouvement après leur rencontre. L’aveugle Bartimée a recouvré la vue et il marche à la suite de Jésus. Salomon sera un roi sage et bienveillant envers chacun. Le but de ce troisième temps de chapitre est de voir comment je chemine après la rencontre avec le Seigneur qui m’a dévoilé un nouveau visage de Dieu. Après la rencontre avec Dieu, c’est donc le temps de l’ouverture et de l’engagement aux autres.
Le psaume 22(21) nous présente trois manières différentes de vivre « l’après rencontre » avec Jésus. Trois manières différentes ? Oui, mais Dieu, indépendamment de nos états d’âme, est à chaque fois présent et bienveillant. Je peux toujours choisir de le suivre et ainsi d’être transformé par lui. Et moi, où est-ce que je me situe ?
1. Tourné vers les autres « Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, Je te loue en pleine assemblée.» (Ps 22(21), 22-23).
– Dieu, en exauçant le désir profond de mon cur se révèle être un Dieu d’Amour attentif à mon existence. Ai-je fais l’expérience cet amour de Dieu pour moi ?
– Dieu remet debout et Dieu envoie. Ai-je le désir de Bartimée de marcher à la suite de Jésus vers le monde ? Quelles seraient les barrières qui m’empêcheraient d’aller à la rencontre de ce monde ?
– Salomon reçoit le discernement qui va lui permettre de remplir sa mission de roi au service de son peuple. Et moi, ai-je le sentiment d’avoir des dons que je peux mettre au service des autres ?
– En relisant ma vie, mes relations avec les autres, ma prière, mes services, peut-être puis-je dire en quoi Dieu me fait porter du fruit.
2. Déception. « Mon Dieu j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ;
Même la nuit je n’ai point de repos. » (Ps 22(21), 3).
– Le silence de Dieu peut me troubler voire m’angoisser. Il nous arrive parfois de ne pas être exaucé, pourquoi Dieu ne répond-il pas ? Comment savoir où Dieu m’attend ? Ou peut-être me suis-je trompé de demande ?
– Ai-je des expériences à partager avec mon chapitre sur cette absence, cette souffrance ? Ai-je réussi à y trouver le Christ ? Comment ? Grâce à qui, à quoi ? Cela a-t-il changé ma relation avec lui ?
– Suis-je capable de passer outre, de me laisser transformer par cette déception ? Cela peut me permettre de découvrir que cette déception, est aussi transformation intérieure.
– Dans l’épreuve, comment faire pour ne pas tout voir en noir ? Peut-être puis-je dire ce qui est positif dans ma vie et entretient mon espérance ?
3. Emerveillement. « Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; Ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : A vous toujours la vie et la joie !’ » (Ps 22(21), 27).
– La Bible nous révèle que la surabondance divine est donnée à ceux qui ont un cur de pauvre, à ceux qui ne gardent rien pour eux et sont disponibles à tout. Comment puis-je être disponible à ce don de Dieu ?
– Dieu en vérité au-delà de toutes nos espérances donne le meilleur pour chacun d’entre nous. Puis-je trouver dans ma vie ou dans celle de quelqu’un que j’apprécie une preuve de cet amour de Dieu ?
– Le psalmiste loue le Seigneur. Quelle est ma manière de rendre grâce au Seigneur ? Dans le succès et la surabondance, qu’est-ce qui m’aide à ne pas oublier Dieu, à rester tourné vers lui ?
– Ma relation aux autres est le critère de l’authenticité de mon expérience de Dieu. Ceux qui m’entourent sont-ils bénéficiaires des dons que Dieu me faits et de mon émerveillement ?
Des questions en suspens ou des affirmations fortes que mon chapitre voudrait partager avec d’autres peuvent être rédigées pour le temps d’interchapitre qui aura lieu dimanche matin
REFERENCES BIBLIQUES
1 Rois 3, 13-14 Dieu dit à Salomon : « Et même ce que tu n’as pas demandé, je te le donne aussi : une richesse et une gloire comme à personne parmi les rois. Et si tu suis mes voies, gardant mes lois et mes commandements comme a fait ton père David, je t’accorderai une longue vie ».
Ps 22(21) :
Après que le psalmiste au cur de la souffrance, ait crié son désespoir (première strophe), une espérance s’ouvre pour lui :
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis
Mon Dieu j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ;
Même la nuit je n’ai point de repos. [
]
Tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
Je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur,
Glorifiez-le, vous tous descendants de Jacob,
Vous tous redoutez-le, descendants d’Israël
Car il n’a pas rejeté,
Il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ;
Il ne s’est pas voilé la face devant lui,
Mais il entend sa plainte.
Tu seras ma louange dans la grande assemblée ;
Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
Ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
A vous toujours la vie et la joie !’
La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
Chaque famille de nations se prosternera devant lui :
Oui, au Seigneur la royauté,
le pouvoir sur les nations !’
Tous ceux qui festoyaient s’inclinent ;
Promis à la mort, ils plient en sa présence.
Et moi je vis pour lui : ma descendance le servira ;
On annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son uvre !
Ep 3, 20-21 : « A Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir, à Lui la gloire, dans l’Eglise et le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles ! Amen. »
DES TEXTES POUR M’AIDER A LA REFLEXION :
Le plus richement comblé
J’ai demandé à Dieu la force pour atteindre le succès ; il m’a rendu faible afin que j’apprenne humblement à obéir.
J’ai demandé la santé pour faire de grandes choses ; il m’a donné l’infirmité pour que je fasse des choses meilleures.
J’ai demandé la richesse pour pouvoir être heureux ; il m’a donné la pauvreté pour pouvoir être sage.
J’ai demandé la puissance pour obtenir l’estime des hommes ; il m’a donné la faiblesse afin que j’éprouve le besoin de Dieu.
J’ai demandé un compagnon afin de ne pas vivre seul ; il m’a donné un cur afin que je puisse aimer tous mes frères.
J’ai demandé toutes les choses qui pourraient réjouir ma vie ; j’ai reçu la vie afin que je puisse me réjouir de toutes choses.
Je n’ai rien reçu de ce que j’avais demandé, mais j’ai reçu tout ce que j’avais espéré.
Presqu’en dépit de moi-même, les prières que je n’avais pas formulées ont été exaucées.
Je suis, parmi les hommes, le plus richement comblé
(méditation d’une personne handicapée).
D’après Ademar de Borros, Brésil :
Un jour un homme arriva au paradis et demanda à Dieu s’il pouvait revoir toute sa vie, aussi bien les joies que les moments difficiles
Et Dieu le lui accorda.
Il lui fit voir toute sa vie comme si elle se trouvait projetée le long d’une plage de sable et comme si lui, l’homme, se promenait le long de cette plage.
L’homme vit que tout le long du chemin, il y avait quatre empreinte de pas sur le sable, les siennes et celles de Dieu. Mais dans les moments difficiles, il n’y en avait plus que deux
Très surpris et même peiné, il dit à Dieu : « Je vois que c’est justement dans les moments difficiles que Tu m’as laissé seul
»
« Mais non ! lui répondit Dieu ; dans les moments difficiles, il y avait seulement les traces de mes pas à moi ; parce qu’alors
je te portais dans mes bras »
Cherchez-moi et vous vivrez
Le petit fils de Rabbi Barroukh, Yéhiel, se précipita en larmes dans sa chambre.*
– « Yéhiel, pourquoi ses larmes ?
– Mon ami triche, ce n’est pas juste grand-père, ce n’est pas juste pour un ami de tricher !
– Mais qu’a-t-il donc fait, ton ami ?
– Nous jouions à cache-cache. Je me suis si bien caché qu’il n’a pas pu me trouver ; alors, il s’est arrêté de jouer, il n’a plus cherché. Tu comprends, grand-père ? Moi, je me suis caché et, lui, il ne m’a pas cherché, ce n’est pas juste ! »
Rabbi Barroukh, bouleversé, se mit à caresser la tête du petit garçon, et des larmes lui coulèrent des yeux : « Dieu aussi, Yéhiel, murmura-t-il, Dieu aussi est malheureux. Il se cache et l’homme ne le cherche pas. Tu comprends, mon petit Yéhiel ? Dieu se cache et l’homme ne se donne même pas la peine de le chercher. »
D’après Elie Wiesel, Célébration hassidique, II.
« Il arrive parfois à certains de ne goûter que l’absence et l’épreuve. Si quelqu’un se trouve alors sans Dieu, sans pensée, sans image, sans mot, reste pour lui ce lieu de vérité : aimer son frère qu’il voit. S’il ne parvient pas à aimer, parce qu’il est noué dans sa détresse, seul, amer, affolé, reste du moins ceci : de désirer l’amour. Et si même ce désir lui est inacessible, à cause de la tristesse et de la cruauté où il est englouti, reste encore qu’il peut désirer de désirer l’amour. Et il se peut que ce désir humilié, justement parce qu’il a perdu toute prétention, touche le cur du cur de la divine tendresse.
Ce n’est pas sur ce que tu as été ni sur ce que tu es que te juge la miséricorde, c’est sur ce que tu as désir d’être’. Il n’y a pas d’homme condamné ».
Maurice Bellet