La diversité des usages du mot montre à quel point le désir est complexe et peut nous détourner vers la convoitise autant que nous ouvrir à la rencontre.
I – Vocabulaire biblique
En hébreu, ‘abhah, ‘ivvah qui veut dire : désirer fortement ;
nephech : désir, âme comme siège du désir.
La satisfaction égoïste des désirs est contraire au plan de Dieu. Les Proverbes exhortent l’homme à diriger ses désirs vers la sagesse : voir Pr.3,15 ; 8,11).
Dans le Nouveau Testament, le verbe grec «epipotheô» signifie «désirer une chose qui n’est pas, languir après quelque chose», est traduit par désirer vivement (Rm.1,11), avoir le désir (Rm.15,23 ; 2Co7,7-11), être désireux de (2Co.5,2) ou chérir (Ph.1,8).
Dans 1 Th.2,8, Paul emploie le mot «homeiromai» (= désirer ardemment) pour exprimer son amour pour les Thessaloniciens : “Nous aurions voulu, dans notre tendresse pour vous, vous donner non seulement l’Evangile de Dieu, mais encore nos propres vies, tant vous nous étiez devenus chers.” Le mot «oregomai», qui signifie tendre vers, s’applique par exemple aux hommes qui “se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres”, c.-à-d. aux homosexuels. (Rm.1,27). «Enchomai» exprime le souhait : “Car je souhaiterais être moi-même anathème (et séparé) du Christ pour mes frères”. (Rm.9,3)
Dans Lc.22,15, Jésus désira vivement manger la Pâque avec ses disciples avant sa crucifixion. Au sen négatif, ces termes sont rendus par convoiter ou convoitise (une femme: Mt. 5.28), désirer (de l’argent: Ac.20,33), (mauvais) désirs (Jn.8,44 ; 1 Co.10,6 ; Col.3,5 ; 1Tim.6,9; 1P.1,14).
Dieu lui-même n’éprouve pas de désirs (ou de besoins) parce qu’il fait tout ce qu’il veut : il n’est jamais en manque de quoi que ce soit. Le croyant, lui, désire de tout son cur rendre honneur à Dieu et rester en communion avec lui, avec Jésus-Christ et les chrétiens.
Enfin, le mot désirer (ou souhaiter) entre dans le cadre des salutations et des formules de bénédiction.
II Comme le montre cette petite analyse de vocabulaire, le désir est bon dans sa nature profonde. Car il tend à nous faire aimer des biens supérieurs, des personnes, des rencontres…
Néanmoins, il peut se détourner de cela et devenir convoitise et la convoitise, nous dit la Bible est le commencement de l’adultère ou du vol, ou du meurtre…
Face à Jésus, le désir de l’homme prend tout son sens : désir de plénitude, de bonheur, de joie parfaite. Désirant cela, le croyant, en se tournant vers Dieu, reçoit de Lui son Esprit. Car si l’homme peut avoir de faux désirs, Dieu connaît les vrais besoins de l’homme. En lui donnant son Esprit, Il transforme le désir de l’homme en lui faisant connaître son véritable besoin.
Voir : Mt.7,7-11
Ainsi, le désir n’est pas comme le besoin, quelque chose à combler ; il est ouverture sur l’autre, sur le mystère ; alors il devient chemin, et nous mettons en uvre notre créativité, notre inventivité.