A Noël 1914, la guerre vient à peine de commencer et tout le monde pense qu’elle sera courte. Pourtant, dans les tranchées du Nord de la France, les soldats allemands, écossais et français ont déjà découvert l’horreur de cet immobilisme et de cette boucherie.
Eux trouvent déjà le temps long. La nuit du réveillon va leur permettre de se retrouver ensemble et, pour quelques instants volés à l’Histoire et à la fureur de la politique des dirigeants, de partager le sens de cette fête chrétienne qui leur est commune. Mais cet instant de paix va vite dérouter et effrayer les états-majors et la hiérarchie de l’Eglise catholique.
Depuis longtemps Christian Carion, jeune réalisateur français de Une hirondelle a fait le printemps, s’est intéressé à cette petite histoire de la Grande Guerre. De nombreux exemples de fraternisation ont eu lieu à Noël 14 sur les champs de bataille et c’est dans les archives que le réalisateur a trouvé tous les éléments du film*. Mais il a fallu à Christian Carion beaucoup d’énergie pour vaincre les réticences des producteurs (Encore la Première guerre !) et celle des militaires qui ont refusé de prêter un camp pour tourner le film en France (On ne parle pas des rebelles !). Aujourd’hui que la paix est revenue en Europe et que les co-productions sont posssibles, les réticences politiques et hiérarchiques face à ces fraternisations spontanées nous semblent bien hors de propos. Pourtant, il n’est pas inutile de rappeler, comme ce film courageux le fait, que si faire la guerre, c’est pénible, faire la paix, ça l’est tout autant !
Au-delà de son propos historique, Joyeux Noël est un très beau film, sincère, émouvant et porté par un lyrisme qui fait chaud au cur de l’humanité. Tous ces hommes si jeunes, sortis de leur foyer et de leur travail pour aller défendre leur patrie et leurs concitoyens, emportés la peur au ventre dans des combats terribles, sont sincères et généreux, y compris dans leurs appréhension face à « l’autre ». On apprécie alors d’autant mieux le courage qu’il leur a fallu pour célébrer ensemble une messe de Noël sur le no man’s land des tranchées, la lucidité du prêtre et des officiers qui savaient que ce moment de parenthèse était un véritable moment d’humanité, qui leur rendrait leur dignité.
Source : diocèse de Lyon