Direction le sud-est du massif central, sur la colline du Puy-en Velay. La cathédrale du Vème siècle incarne un culte marial dû aux apparitions de la Vierge et à la présence de la Vierge noire.
Selon le chanoine Fayard, historien local, la Vierge est apparue un 11 juillet au III ème siècle à une veuve atteinte d’une forte fièvre, sur le dolmen appelé « La pierre des fièvres ». La vierge demande à la femme d’aller sur le Mont Anis, baptisé aussi rocher Corneille, et de s’allonger sur une dalle mégalithique. La veuve s’en relève guérie. La Vierge lui aurait alors confié son souhait de voir s’ériger une église sur le mont Anis.
Apparitions, voyages et constructions…
Certaines versions de l’histoire du Puy détaillent que deux siècles plus tard, une paralytique est miraculée par le même procédé.
Les premières traces d’un édifice sont attribuées à l’évêque Saint Vosy. Selon certaines versions, il aurait érigé une église. Selon d’autres, il se serait rendu à Rome pour demander le transfert de son siège de Saint Paulien, capitale du pays Vellave, au mont Anis. Le site du diocèse du Puy raconte pour sa part que Saint Vosy serait parti vers Rome pour y chercher des reliques nécessaires à la dédicace. En chemin, il rencontre «deux vieillards [qui] lui donnent un coffret contentant des reliques». Ils l’invitent alors à «s’en retourner au Puy avec ces mots : «nous te précéderons et vaqueront à tout ».» La prophétie se serait réalisée, puisqu’à son retour, l’évêque trouve son édifice « baigné d’une lumière irréelle et les anges en train de procéder à la cérémonie de la dédicace ».
Cette version n’apparaît pas partout. Mais tous s’accordent pour dire que la cathédrale a été en réalité construite par un des successeurs de Saint Vosy, l’évêque Scutaire, entre 415 et 430. Et, fait rarissime, cet évêque place le dolmen à l’intérieur du sanctuaire marial. Son siège est transféré au Puy, la ville devient ville sainte, les pèlerins affluent. L’importance croissante du culte marial oblige à agrandir plusieurs fois la cathédrale.
La vierge noire
Le dernier agrandissement, au XIème siècle, est marqué l’art oriental rapporté des croisades. La cause en est simple : l’évêque du Puy, Adhméar de Monteil, est le chef spirituel de la première croisade (1095-1099). Mais c’est au XIIème siècle qu’un croisé, inconnu, de retour de terre sainte, dépose dans le sanctuaire une vierge en bois de cèdre, baptisée la “vierge noire”. La culte marial se renforce, la réputation de la ville se répand dans tout le royaume de France.
La statue est brûlée le jour de la Pentecôte de 1794, par des révolutionnaires. La version actuellement toujours vénérée par les pèlerins est une reproduction réalisée par Philippe Kaeppelin, à partir de documents du XIIIème siècle.
Au XIXème siècle, la cathédrale est très abîmée. De grands travaux restaurent presque tout l’édifice. Le succès des pèlerinages vers le Puy en Velay poursuit aujourd’hui cette histoire sainte et millénaire.
Le site, préservé du temps et des guerres, accueille environ 800 000 visiteurs par an. La cathédrale a été classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco le 8 décembre 1998. Et comme tous les sites déjà visités cet été, le Puy en Velay est devenu une étape de la «Via Podiensis» vers Conques puis Saint Jacques de Compostelle.