Dernière étape du “pélerinage virtuel” qu’on vous propose : le Mont-Saint-Michel. Avec une histoire de 1500 ans, le Mont est passé d’heures glorieuses en ruines, pour redevenir, au fil des constructions, une fascination. Explications, en détails.
«Le Mont-Saint-Michel, mystérieux, garde un caractère énigmatique lié à plus d’un millénaire d’histoire» peut-on lire sur une page internet dédié au site. Et pour cause : ce lieu de pélérinage révèle un passé de plus de 1500 ans.
La première présence chrétienne sur le Mont daterait du Vème siècle: un ermite y éleva un sanctuaire dédié à Saint-Symphorien, dont il ne reste aucune trace aujourd’hui. C’est pourquoi la première date évoquée est souvent 708 : Saint-Aubert, évêque d’Avranche, éleve un sanctuaire dédié à Saint-Michel. Le site s’appelle à l’époque le Mont Tombe et est entouré d’une forêt. Dans la foulée, il envoie des clercs au sud de l’Italie, au Mont Gargan, pour récupérer les reliques du saint. A leur retour en 709, les religieux retrouvent le site envahi par un raz-de-marée «divin», qui aurait englouti la forêt pour laisser place à un mont de granit, entouré d’une immensité de sable. L’abbaye insulaire est alors consacrée, le Mont Tombe devient le Mont Saint-Michel, et Saint-Auber y installe douze chanoines.
Constructions
En deux siècles, la conduite des chanoines se relâche. Dès le IXème siècle, le lieu devenu un refuge des vikings, connaît la coexistence entre vie laïque et vie religieuse. Le village apparaît. Mais Richard I, Duc de Normandie, réclame un retour à l’austérité. Les moines refusent. Il les chasse en 966, avec l’aide du Pape Jean XIII et y établit trente bénédictins, menés par l’abbé Magnard. Son successeur, Magnard II construit une église pré-romane en briques, Notre-Dame-sous-terre.
En 1017, le duc normand Richard II épouse Judith de Bretagne, marquant ainsi l’alliance des deux duchés. Un vaste projet d’abbaye est alors engagé. L’abbé Hildebert II est chargé de répondre aux volontés originales du Duc : une plate-forme horizontale posée au sommet du rocher, soutenues par des cryptes latérales aux piliers consolidés.
En 1203, un incendie des troupes bretonnes du Duc de Touars ravage les toitures, mais l’abbaye est épargnée. Le Roi Philippe Auguste envoie alors une grosse somme d’argent pour les réparations, à titre de dommages de guerre. C’est ainsi que vers 1210 est entrepris la construction de «la plus belle falaise gothique du Moyen Age»: La Merveille, édifice de trois étages en deux bâtiments juxtaposés et réunis. Cette partie la plus célèbre de l’abbaye est achevée en 1228.
Guerres et décadences
Lieu de pélérinage malgré les conflits, le Mont Saint-Michel connaît l’afflux des fidèles, même pendant la guerre de Cent ans (1337-1453), ce qui transforme l’abbaye en sanctuaire, avec l’édification d’un dispositif défensif. De sorte que les Montois résistent aux invasions : de 1423 à 1434, ils tiennent bon face à 11 années de siège anglais. Ceux ci sont chassés en 1450, le Mont est alors libéré de sa ceinture d’ennemis.
Pendant ces guerres, les moines ont dû plusieurs fois prendre l’épée, et Louis XI envoie des prisonniers dans les cages de fer du Mont. La vie monastique n’est donc pas des plus austères, la décadence s’installe, tandis que l’édifice a subi de lourds dommages belliqueux.
Le 27 octobre 1622, une douzaine de moines de la congrégation de Saint-Maur, tournés vers la vie intellectuelle, prennent place au monastère: la vie religieuse reprend. Soucieux de confort, les Mauristes amènagent les lieux devenus ruines. Mais leur architecture est un désastre: chapiteaux, colonettes et chambres sont détruits, les salles sont transformées, la nef de l’abbaye est dallée. En 1780, les trois travées de cette nef s’écroulent, mais personne ne les relève. Par contre, la façade classique de l’Ouest est érigée.
La Révolution supprime le monastère pour ne laisser que la prison d’Etat et le Mont Saint-Michel est rebaptisé le Mont Libre. A la fin du XVII siècle, il devient une véritable annexe de la Bastille. Cette maison centrale est supprimée en 1863, sous le Second Empire.
Dès le XIX siècle, le Mont devient un objet de fascination des Romantiques. Touristes et pélerins reviennent, de plus en plus nombreux. Réparation, restauration, consolidation sont engagées. Le Mont est classé monument historique en 1874, et les travaux érigent la flèche gothique et la statue de l’archange.
Aujourd’hui, l’abbaye est habitée par la Fraternité monastique de Jérusalem, arrivée la 24 juin 2001. Le site, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, est assailli chaque jour de touristes et pèlerins, charmés par ce lieu fantastique.