Du smash à la mystique en passant par les farandoles sagaafricaines, Yannick Noah a plus d’un tour dans son sac.
Cela ne fait aucun doute, dans le domaine des reconversions professionnelles, la France trouve en Yannick Noah un champion toute catégorie. Du podium solitaire de Rolland Garos aux scènes surchargées de la chanson française, le grand écart est, de fait, indéniablement sportif. Mais, apparemment, cela ne suffit pas à l’athlète charismatique. Non content de passer de la raquette à la guitare, il semble qu’il soit en train de doubler sa volte-face musico-tennistique d’un plongeon quasi-spirituel.
A entendre son dernier tube (” Si tu savais mon frère “), tout laisse à penser en effet que Yannick Noah donne à fond dans le retour du religieux. Dès le deuxième couplet, nous voilà transportés bien loin des cours bondés et des sagas endiablées : ” au cur des monastères “. Et oui ! ” Si tu savais mon frère / Ce qu’ensemble veut dire là-bas / Au coeur des monastères / Les dieux s’inclinent devant tant de foi. ” Exotisme ? Adulation distanciée d’un ailleurs utopique et à jamais inatteignable ? Pas du tout : non seulement Yannick Noah admire la foi mais il l’embrasse à son tour : ” Si tu savais mon frère / Comme je me retrouve / quand je suis là-bas / Dans le chants leurs prières / Où j’aime tant mêler ma voix. ”
Contrairement à ce que l’on pourrait penser à la lecture de ces paroles, il n’est pas du tout question pour l’ex-sportif de régresser dans une espèce de primitivisme ethnique vantant les mérites du bon sauvage superstitieux. La suite de la chanson exprime la contre partie nécessaire et équilibrante à la vie mystique, c’est-à-dire la charité, le service, l’entre aide : ” Si tu savais mon frère /Comme chaque jour est fort là-bas / Les bonheurs les misères / Tout se partage même le moindre repas //Le pain et les chimères / La peur de l’au-delà / Juste offrir et se taire / Sans réfléchir juste comme ça. // La crainte du tonnerre / La mort qui vient déjà / C’est tout leur univers /Qu’ils partagent simplement avec toi.
Certes, le ton de l’album n’est pas sans consonance avec la mouvance New Age… Mais qui a dit que la culture de masse était dépourvue de valeurs qui ne demandent peut-être plus qu’à être évangélisées… ” Si tu savais /Il suffit de donner /Si tu savais /Aimer c’est partager Le bonheur, c’est partager. “