Notre dernière étape du tour de France des sites de l’été nous emmène à Chartres. Le site dévoile une histoire millénaire mouvementée. Mais qui n’a jamais arrêté la ferveur des pèlerins.
Il était une fois Chartres, un lieu connu depuis fort longtemps…
en effet, avant l’ère chrétienne, la résistance de son peuple, les Carnutes, contre la conquête romaine rend la ville célèbre. C’est à la fin du IVème siècle qu’une première cathédrale s’érige, placée très tôt sous le vocable de la Vierge. Le bâtiment est détruit en 753, puis mis en sac par les Normands en 858. Il sera pourtant reconstruit à chaque fois, répondant à l’arrivée des pèlerins. Car ceux-ci ont depuis toujours marché vers Chartres.
La sainte « chemise »
Leur afflux croît à partir de 876, quand le roi Charles le Chauve rapporte une relique d’Aix-la-Chapelle. Longtemps connue comme «chemise » ou «tunique » de la Vierge, la tradition attribue cette relique à la mère du Christ.
Le tissu devient alors l’ornement principal de la cathédrale, conservé dans une châsse. Il est exhibé seulement pour des occasions très rares. Ainsi, en 911, les habitants et leur évêque portent la Sainte chemise en étendard pour s’opposer aux Normands qui assiégeaient la ville. Plus tard, on s’aperçoit que la «chemise» est un voile de soie semblable, selon les experts, à ceux des femmes habitant Jérusalem à l’époque du Christ.
Incendies dévastateurs et nouvelle cathédrale
En 1020, un incendie violent ravage l’édifice. Mgr Fulbert, attirant les foules par ses enseignements, fait alors concevoir le projet d’une nouvelle cathédrale, engageant immédiatement sa construction.
Le feu sévit à nouveau en 1134 et en 1194. Ce dernier incendie n’épargne que la façade, base à la reconstruction de la cathédrale actuelle. Un nouvel élan de foi se manifeste pendant les travaux, touchant toutes les classes sociales, qui se matérialise par des offrandes et des aides manuelles. Les pèlerinages reprennent dans leur diversité : Rois et Princes se succèdent à Chartres, enrichissant le Trésor de la cathédrale. Ils côtoient les foules populaires venues honorer la Sainte Vierge et vénérer la relique. Souvent logés dans la cathédrale même, les pèlerins participent avec ferveur aux cérémonies, spectaculaires pendant les fêtes mariales.
Mais les guerres de religions entre catholiques et protestants s’avèrent lourdes de conséquences. Deux sièges successifs affaiblissent la ville en 1568 et en 1591. Finalement, la ville est conquise par Henri IV, nouveau roi, qui pardonne à la ville sa résistance. Il choisit la cathédrale de Chartres pour son couronnement, le 27 février 1594, après avoir abjuré le protestantisme.
De la Révolution au pèlerinage étudiant
Notre-Dame de Chartres renoue avec ses grands pèlerinages chrétiens. Pourtant, au XVIII ème siècle commence une lente désaffection ponctuée par la Révolution. Malgré le retour du culte, il faut attendre la fin du XIX ème siècle, après la guerre de 1870, pour que renaisse un grand sentiment de dévotion mariale, à la suite de différentes apparitions sur le territoire français.
En 1912 et 1913, Charles Péguy entreprend une marche devenue célèbre entre Paris et Notre-Dame de Chartres. C’est à son exemple, que quelques années plus tard, des étudiants parcourent le même chemin en priant et en chantant. Depuis 1935, le pèlerinage des étudiants est devenue une véritable organisation. Il rassemble chaque année des milliers de jeunes qui retracent la route jusqu’aux pieds de la Vierge.
Et chaque jour, pèlerins et visiteurs se croisent dans l’édifice inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1979. Tous admirent la beauté de l’édifice devenu une des églises les plus célèbres de France.