Le site de Conques, sur le chemin de Compostelle, abrite les reliques de Sainte-Foy. Ce trésor millénaire a été épargné de nombreuses épreuves. Explications.
«Conques» : le nom vient de la forme du site, en coquille échancrée par le torrent de l’Ouche et dominant la vallée du Dourou. Aujourd’hui, le village aveyronnais abrite environ 300 habitants. Mais son rayonnement est international, non seulement par son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco mais aussi par l’accueil des pélérins de Saint Jacques de Compostelle. Le tout grâce à une histoire millénaire.
Le site doit son origine à un ermite, Dadon, venu s’installer au VIIIème siècle. Au fur et à mesure, quelques disciples le rejoignent. Ils construisent ensemble une première église, dédiée au Saint-Sauveur. Dadon, fidèle à son idéal de solitude, les quitte en confiant la direction du monastère à son premier disciple, Meraldus. Le monastère adopte alors la règle de Saint-Benoît.
A cette époque, la communauté survit grâce aux donations des rois Carolingiens : en 819, Louis le Pieux entreprend dix donations de terres. Vingt ans plus tard, Pépin II, roi d’Aquitaine, lui octroie Figeac, où de nombreux moines s’installent. Les terres sont complétées par des dons d’or, argent, intailles et camées, à l’origine du Trésor de Conques, même si la mémoire collective ne retiendra que le nom du bienfaiteur Charlemagne.
Les reliques de Sainte Foy
Mais ce n’est pas tant les largesses de l’empereur que l’histoire d’une sainte qui marque Conques. Cette sainte, c’est Foy, une jeune chrétienne de la cité d’Agen, convertie par l’évêque de Saint-Caprais. Au temps de l’empereur romain Dioclétien, à l’âge de douze ans, elle est martyrisée pour réfuser de sacrifier aux dieux de paganisme. Or, au IXème siècle, les reliques, témoignage du rayonnement spirituel d’une abbaye, suscitent un véritable culte. Mais Conques n’en possédait aucune. En 866, ses moines, dont le moine Aronis, menent alors une «translation furtive», pour ne pas dire rapt, des reliques de Sainte-Foy, vénérée en Aquitaine.
L’abbaye aveyronnaise connaît alors un nouveau souffle, son expansion se poursuivant pendant près de trois siècles. Au point d’accueillir, au Xème siècle, de grandes réalisations artistiques, dont la statue-reliquaire. Pour l’abriter, une église de trois nefs précédée d’un clocher-porche se construit entre 1041 et 1082.
Vers l’apogée
A la même époque, le site est choisi comme étape d’un des quatre chemins français vers Saint-Jacques de Compostelle. La dévotion des pélerins, accentuée par la parution du “Livre des Miracles de Sainte-Foy” par Bernard au XIème siècle, diffuse le culte de Sainte-Foy dans toute la Chrétienté. Le monastère s’agrandit avec des possessions dans tout l’Occident chrétien, jusqu’en Angleterre, Catalogne et dans le monde germanique. Conques entre alors dans sa grande période, du milieu du XIème au premier tiers du XIIème siècle. Le site érige une nouvelle abbatiale et atteint son apogée, grâce à l’abbé Bégon III (1087-1107), qui reconstruit également les bâtiments monastiques et le cloître. De nombreuses reliques sont placées dans l’or, et l’existence de l’école monastique est attestée.
Déclin et dissolution
Pourtant, dès le XIIème siècle, Conques entame une période de déclin. Le rayonnement des Bénédictins est atténué par de nouveaux ordres religieux qui s’implantent dans la région. Mais surtout, la peste noire de 1348 et la Guerre de Cent ans paupérisent le territoire. Le Trésor est pourtant épargné des convoitises des routiers. Les tensions se font alors sentir au sein de la communauté: les exigences de la règle de Saint-Benoît sont mal vécues, au point de créer un scandale en 1514 quand l’évêque de Rodez, venu calmer le jeu, est molesté alors qu’il priait la statue d’or de Sainte-Foy. En 1537, le Pape affranchit les 29 moines de la règle bénédictine: la communauté fondée par Dadon est dissoute. Un chapitre de chanoines s’installe sur le site et l’abbatiale devient collégiale. Arrivent alors les guerres de religion : les Calvinistes investissent Conques en pillant, détruisant, brûlant et saccageant l’édifice. Une fois encore, le tympan et le Trésor sont sauvegardés. Mais les colonnes de l’église éclatent dans l’incendie, l’édifice est au bord de l’écroulement. Les réparations s’engagent doucement.
Renouveau
En 1789, la Révolution et son culte de la Raison suppriment le chapitre et dispersent les chanoines. Le Trésor est caché par les habitants, puis restituté avec le rétablissement de la paix sous Bonaparte. Mais la municipalité de Conques, qui manque de moyens financiers, ne peut que constater l’état d’abandon de l’édifice. En 1837, alors qu’il menace de s’écrouler, le bâtiment est sauvé par le premier inspecteur des monuments historiques, Prosper Mérimée. Les pères prémontrés intègrent les lieux en 1873, engageant alors une vaste restauration.
Depuis 150 ans, l’oeuvre de sauvegarde se poursuit par l’administration des Monuments historiques. La foule de touristes a réinvesti le parvis et la statue reliquaire de Sainte-Foy… et les pélerins ont remis leurs pas dans le pas de leurs ancêtres, sur les routes de Conques, direction Saint-Jacques de Compostelle.
Source principale: www.conques.fr