Pour le quatrième épisode d’Harry Potter, c’est le réalisateur Mike Newell, le très british réalisateur de Quatre mariages et un enterrement qui s’y colle en y ajoutant même un univers visuel et humaniste bien personnel.
Comme toujours le grand spectacle prime. Les effets spéciaux restent exceptionnels, avec tout ce que la technologie cinématographique numérique peut faire de mieux. On mange des yeux ce nouvel épisode. Comme on reste les yeux écarquillés devant les vitrines de noël des grands magasins ou comme on dévorerait une grosse pâtisserie. Pas besoin d’avoir 14 ans pour apprécier ce film. Et rien que pour cela le film mérite le déplacement.
Pourtant, ce qui fait le succès de la série sur le long terme tient aussi au fait que chaque réalisateur sait renouveler le genre et y apposer sa patte personnelle. Ici beaucoup d’effets spéciaux mais toujours utilisés avec habileté, d’une manière moins tonitruante que d’habitude. La réalisation laisse la part belle aux acteurs. Et quel plaisir de voir des films à effets spéciaux qui laissent de la place au jeu des acteurs qui ne sont pas obligés de composer seuls avec des personnages en virtuel ! Des rôles très nombreux et de toutes les générations ! Chaque personnage a été travaillé, bien mis en scène avec détails. Le jeu des acteurs est impeccable.
Autre touche personnelle de cet épisode, le réalisateur a largement emprunté à l’univers visuel du sport (la coupe du monde de quidditch au début mais aussi les épreuves sportives qui jalonnent le film). A cet univers de jeu du stade, s’ajoute l’ambiance des films de teen-agers. Harry et ses amis sont rentrés dans l’adolescence. Tous s’habillent maintenant en jean comme des ados. Le film parsemé de clins d’il se délecte de montrer cette nouvelle entrée des personnages -et des acteurs eux-mêmes- dans l’univers des adultes (scène du bal, bravoure et virilité, jalousie, etc ).
Le film reste politiquement correct (mais peut-il en être autrement pour un public familial ?). On retrouve les valeurs de ce qui fait notre humanité au travers des combats que doivent mener les personnages pour devenir adultes. Les personnages jeunes apprennent à maîtriser leurs pulsions et leur égocentrisme qui pourraient facilement les conduire sur le chemin du mal. Comme toujours Harry prouve, dans la quête de la coupe, sa vaillance et sa grande maturité.
Plus que les autres peut-être cet épisode exacerbe les valeurs de courage et de force, qu’elles soient physiques ou morales, pour se surpasser dans la vie au coeur des épreuves.
Enfin dernier point notable et explicitement développé dans le film, la magie n’apparaît pas comme toute puissante. Les apprentis magiciens de Poudlard apprennent à grandir dans la maîtrise d’eux-mêmes et le respect de l’autre. Cet art de la maîtrise leur enseigne à ne faire appel à la magie que dans des cas bien déterminés, avec discernement dirait-on. Ce long chemin vers l’âge adulte traverse aussi des drames.
Ainsi lorsque un jeune homme meurt à la fin de la dernière épreuve, il n’y a plus rien à faire. Même la magie connaît des limites. Elle ne plonge donc pas le jeune spectateur et ses héros dans un monde illusoire et sans limite.
Un grand et beau spectacle, avec de surcroît avec un minimum d’intelligence spirituelle, que demander de mieux pour passer un bon moment ?