La Passion a inspiré et continue à inspirer de nombreux poètes. La Mort et la Résurrection du Christ les touchent, leur parlent et les rejoignent dans leur expérience personnelle. François Malherbe raconte le reniement de Saint Pierre.
Pour Malherbe, poète baroque puis classique, le reniement de Saint Pierre est un évènement cosmique. Dans la troisième strophe, citée ci-dessous, le lever du jour est lui-même atteint par ce qui vient de se passer. On n’a pas hésité à parler de ” cataclysme météorologique ” pour caractériser la mise en scène du reniement de saint Pierre dans ce poème, dont voici quelques extraits.
“Ce miracle d’amour, ce courage invincible,
Qui n’espérait jamais une chose possible,
Que rien finit sa foi que le même trépas,
De vaillant fait couard, de fidèle fait traître,
Aux portes de la peur abandonne son maître,
Et jure imprudemment qu’il ne le connaît pas (
)
A peine la parole avait quitté sa bouche,
Qu’un regret aussi prompt en son âme le touche :
Et mesurant sa faute et la peine d’autrui,
Voulant faire beaucoup, il ne peut davantage
Que soupirer tout bas, et se mettre au visage
Sur le feu de sa honte une cendre d’ennui (
)
L’Aurore d’une main, en sortant de ses portes,
Tient un vase de fleurs languissantes et mortes ;
Elle verse de l’autre une cruche de pleurs,
Et d’un voile tissu de vapeur et d’orage
Couvrant ses cheveux d’or, découvre en son visage
Tout ce qu’une âme sent de cruelles douleurs (
)
C’est alors que ses cris en tonnerre s’éclatent,
Ses soupirs se font vent, que les chênes combattent,
Et ses pleurs
ressemblent un torrent
”
(Les larmes de Saint Pierre)