Depuis la fondation des premiers bâtiments au IXème siècle, la colline de Vézelay et sa basilique affichent un passé chargé de querelles et de constructions, entre déclin et renouveau. Retour sur les chemins de l’histoire.
Voir aussi : Vézelay, lieu de pèlerinage, de communauté, de paroisse…
L’histoire de l’édifice commence en 858 ou 859 avec la fondation du monastère par Girard de Roussillon, à l’emplacement actuel de Saint-Père. Dès 863, l’abbaye est placée sous protection directe du Saint-Siège, échappant donc à l’autorité de l’évêché d’Autun. Cette décision de la bulle pontificale suscitera des jalousies entre les abbés de Vézelay et les comtes de Nevers, jusqu’à la reconnaissance de l’autorité spirituelle de Cluny, en 1103.
Entre temps, en 873, l’abbaye, dévastée par les Normands, est transférée sur la colline. En 882, le moine Badilon aurait apporté des reliques de Marie-Madeleine depuis Saint-Maximin, en Provence. En 1120, la nef primitive est ravagée par un incendie, nécessitant la construction de la nef actuelle, de la façade vers le chœur de l’Abbé Artaud : elle est achevée en 1140, sous l’abbatiat de Ponce de Montboissier, qui fait ensuite élever le narthex, vers 1145. Suit alors une série de querelles entre les comtes de Nevers, les habitants et les abbés, qui provoquent en 1162 la levée de la dépendance envers Cluny.
Constructions et décadences
Le choeur et le transept gothiques sont édifiés entre 1185 et 1190, sous l’abbatiat de Girard d’Arcy. En 1217, le lieu voit apparaître le premier couvent franciscain de France, la Cordelle, sur le flanc nord-est de la colline. Il faut attendre 1260 pour voir la construction de la tour Saint Michel et du fronton de la façade.
En 1267, Saint Louis confirme l’authenticité des reliques de Marie-Madeleine, ce qui signe la décadence des pélerinages et de l’abbaye. En 1537, le pape Paul III la sécularise : les moines sont remplacés par quinze chanoines réguliers. En 1569, les Huguenots occupent Vézelay et mettent à sac l’abbaye. Les bâtiments, délaissés, sont partiellement vendus et démolis en 1760. En 1790, le collège de chanoines est supprimé, les vestiges restant sont vendus et rasés, l’église devient paroissiale. L’abbatiale devenue collégiale subit un grave incendie dû à la foudre, en 1819.
Renouveaux
C’est en 1840 que l’édifice renaît : Eugène Viollet-le-Duc, chargé de la restauration entame les travaux qui dureront jusqu’en 1859. Le renouveau des pèlerinages est quant à lui marqué par l’arrivée de nouvelles reliques de Marie-Madeleine. La collégiale devient basilique en 1920. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1979. Avant cela, la fin de la seconde guerre mondiale signe le retour des moines avec l’arrivée de quelques bénédictins de la Pierre-qui-Vire, remplacés par des franciscains, à partir de 1953. Leur séjour prend fin en 1993, avec la fondation des communautés monastiques de Jérusalem, appelées pour l’animation spirituelle et liturgique du lieu, tandis qu’un prêtre diocésain est nommé curé et recteur de la basilique. Depuis 1999, les treize villages entourant le lieu de pèlerinage ne forment qu’une seule paroisse. Toute cette histoire place l’abbaye entre le roman et le gothique, ce qui fait son charme.