Il s’appelle Dante Lazarescu et il va vivre une épouvantable descente aux enfers qui se termine par une rencontre manquée avec le docteur Anghel, aux portes de la mort. On avait, dès les premières images, compris que ce pauvre Lazare-là avait peu de chance de résurrection.
Mais nous l’aurons accompagné quelques heures et vécu avec lui l’absurdité de nos sociétés hyper médicalisées, hyper techniques et parfois complètement déshumanisées. Il suffit de passer un samedi soir aux urgences pour comprendre, dans sa chair, le sens du mot « compassion ».
Cristi Puiu, réalisateur roumain et lauréat de la section Un Certain Regard à Cannes a le sens de l’humour et de la tragédie. La mort de Dante Lazarescu est un voyage au coeur de l’humanité d’aujourd’hui mais au coeur de cette humanité qui souffre dans sa chair. Dante a mal à la tête, à l’estomac, il vomit, il a une grande cicatrice sur le ventre. Il boit un peu trop aussi, vit au milieu de ses chats dans un petit appartement sale et qui sent mauvais. Il est vieux et gros. Qui voudrait de lui ? Pas nous certainement, au moins au début du film. Cristi Puiu va réussir à nous faire changer d’avis, à toucher notre cur, pas dans le service de cardiologie mais celui des sentiments.
Pourtant Cristi Puiu ne donne pas de leçon. Il nous montre de la façon la plus simple, presque la plus plate possible, l’errance d’un homme entre différents services d’urgence. Les acteurs sont si réalistes qu’on pourrait se croire dans un documentaire. Mais il y de la distance aussi, l’hilarité qui pointe sous le drame, les larmes qui accompagnent l’humour. Un ton très particulier pour un film où rien ne dérape sauf la méchanceté des hommes. La mort de Dante Lazarescu a les qualités d’une fiction réussie : rendre la réalité plus forte, plus poignante et montrer aux acteurs de la vraie vie leurs incohérences.
Ce film a reçu le prix Signis au Festival du film de Séville, où il était en compétition officielle.
Source : Diocèse de Lyon