Si les premières images semblent nous emporter dans une Afrique idyllique où les avions de la modernité se reflètent dans les eaux calmes des grands lacs, sans le moindre heurt, la suite est une lente et inexorable descente aux enfers.
Enfer d’un monde où la rentabilité ne connaît pas de limite, où le capitalisme est vraiment le roi et où le bien, c’est quand on gagne des sous et qu’on fait du profit.
Reprenons. Ca se passe en Tanzanie, au bord d’un des plus grands lacs d’Afrique. Dans les années 60, on a introduit un nouveau poisson, la perche du Nil, sans trop savoir ce qui allait se passer. En fait, cette perche-là est un poisson cannibale qui a commencé par manger toutes les autres espèces indigènes du lac, ruinant les pêcheurs traditionnels. Dont les plus chanceux d’entre eux ont pu aller se faire embaucher dans la nouvelle usine de filets de perche du Nil. Ces filets se vendent très bien en Europe où ils sont envoyés par cargos réfrigérés.
Première question : est-ce que les cargos arrivent vides en Tanzanie ? Si non, que peuvent-ils bien transporter ?
Deuxième question : puisque tous les filets de perche partent à destination de l’Europe, que mangent les Tanzaniens ?
Bien sûr, le documentaire de Hubert Sauper vous donnera ces réponses. Pas à pas, Le cauchemar de Darwin vous fait remonter la filière perche du Nil, en compagnie des pilotes d’avion, des prostituées, des gamins des rue, des pêcheurs au chômage, des gardiens d’usine, des bouilleurs d’arrêtes. Il vous dira aussi qui recycle les emballages polystyrènes qui servent à transporter les filets, et pour quel usage. Vous regretterez presque de le savoir. Parce que lorsque vous aurez compris tout ce que la perche du Nil a provoqué comme désastres en Tanzanie, vos filets de perches du Nil, si appétissants autrefois à l’étal de nos poissonneries ou dorés dans votre assiette, ils vous resteront sur l’estomac !
Le cauchemar de Darwin est un documentaire qui apprend à être vigilant. Indispensable pour comprendre comment fonctionne le monde aujourd’hui et, que l’on soit d’accord ou non pour la mondialisation, Hubert Sauper nous montre que, même si on ne peut pas changer le monde, il a quand même quelques limites éthiques à ne pas franchir. Un film nécessaire et courageux, à voir absolument !
Source : site du diocèse de Lyon