Attachés à un cinéma social qui dénonce les ruptures et les failles de nos sociétés contemporaines, les frères Dardenne nous présentent le portrait d’un jeune homme immature et tout à fait de son temps.
Six ans après Rosetta, les frères Dardenne reçoivent une deuxième palme d’or pour leur nouveau film, L’enfant. Ce n’est peut être pas leur meilleur film mais c’est probablement le plus accessible à un large public. C’est donc l’occasion de découvrir ce cinéma social et efficace, construit comme une mécanique de précision où rien ne manque, rien n’est superflu. Que ce soit dans le scénario ou dans les images, les réalisateurs maîtrisent parfaitement l’art et la technique. Tous leurs films sont construits comme des chefs d’oeuvre d’artisans compagnons, c’est à dire, grâce au détail, à l’esthétique, à la perfection du geste et à la vision d’ensemble, donner à voir de sens profond de l’uvre.
Attachés à un cinéma social qui dénonce les ruptures et les failles de nos sociétés contemporaines, les frères Dardenne nous présente cette fois le portrait d’un jeune homme immature et tout à fait de son temps. Bruno est au coeur de la société de consommation, parce qu’il fait parti des exclus, ceux qui ont des désirs attisés par la publicité mais qui n’ont pas les moyens de les réaliser. Il sait que chaque objet à une valeur. Mais cette valeur, à ses yeux, dépend de la mode ou de la difficulté à se le procurer, dans une société qui jette tant. Il y a ceux qui ont l’argent et ceux qui sont bien obligés de se débrouiller sans. Bruno se débrouille, dans l’illégalité complète. Le bien, c’est avoir un paquet de billets pour s’amuser, pour dépenser. Le mal, c’est quand il n’y en a plus. Facile, la morale.
Mais il y a Sonia, son amie. Pendant qu’elle accouche, Bruno boit des bières avec ses copains, sous-loue leur appartement. Sonia sort seule de la maternité avec son bébé. Personne ne s’est inquiété de savoir où elle allait mais on n’a pas oublié de lui donner le paquet publicitaire de couches et de biberons. Commence alors, pour Sonia et Bruno, un étrange et pathétique parcours pour apprendre à être parents. Parcours douloureux et cruel mais où pointe une infime lueur d’espérance dans les dernières images du film. Et le spectateur, pris par ce tourbillon tragique qui le happe dès le début du film et ne le lâche plus, peut alors souffler.
Belle performance aussi pour l’acteur Jérémie Régnier, l’adolescent si blond de La promesse, qui donne à ce personnage toute la candeur et l’ambiguïté qui l’accompagnent. un grand moment de cinéma !
Source : diocèse de Lyon