Le 9 décembre, l’Eglise fête l’Immaculée Conception. Découvrons un texte de Corneille qui chante “la rose sans flétrissure et sans aucune épine”
Dans un texte éblouissant mais malheureusement méconnu, Pierre Corneille chante Les Louanges de la Sainte Vierge . Un magnifique poème à méditer en ces temps où l’Eglise célèbre la fête de celle qui fut la rose sans flétrissure et sans aucune épine . En voici quelques strophes
Accepte notre hommage et souffre nos louanges,
Lis tout céleste en pureté,
Rose d’immortelle beauté,
Vierge, mère de l’humble et maîtresse des anges,
Tabernacle vivant du Dieu de l’univers,
Contre le dur assaut de tant de maux divers
Donne-nous de la force et prête-nous ton aide ;
Et jusqu’en ce vallon de pleurs
Fais-en du haut du ciel descendre le remède,
Toi qui sait excuser les fautes des pécheurs. (
)
L’esprit humain se trouble au nom de Vierge Mère,
L’orgueil de la raison en demeure ébloui ;
De la vertu d’en haut ce chef d’oeuvre inouï
Pour leurs vaines clartés est toujours un mystère :
La foi, dont l’humble vol perce au-delà des cieux,
Pour cette vérité trouve seule des yeux,
Seule en dépit des sens, la connaît, la confesse ;
Et le coeur éclairé par cette aveugle foi,
Voit avec certitude, et soutient sans faiblesse,
Qu’un Dieu pour nous sauver voulut naître de toi. (
)
Rose sans flétrissure et sans aucune épine,
Rose incomparable en fraîcheur,
Rose salutaire au pécheur,
Rose enfin toute belle et tout à fait divine ;
La Grâce dont jadis la prodigalité
Versa tous ses trésors sur ta fécondité,
N’a fait et ne fera jamais rien de semblable :
Par elle on te voit Reine et des cieux et des saints ;
Par elle sers ici de remède au coupable,
Et seconde l’effort de nos meilleurs desseins. (
)
Avant que du Seigneur la sagesse profonde
Sur la terre et les cieux daignât se déployer,
Avant que du néant sa voix tirât le monde,
Qu’à ce même néant sa voix doit renvoyer,
De toute éternité sa prudence adorable
Te destina pour mère à son Verbe ineffable,
A ses anges pour Reine, aux hommes pour appui ;
Et sa bonté dès lors élut ton ministère
Pour nous tirer du gouffre où notre premier père
Nous a d’un seul péché plongé tous avec lui (
)