Un grand film du réalisateur américain Abel Ferrara qui questionne avec intelligence la modernité du Christ. Sans théoriser, sans lourdeur aucune, ni dans le propos ni dans les images, Mary montre l’actualité de la croyance.
Dans le monde d’aujourd’hui, symbolisé à l’écran par une grand ville américaine, à la fois fascinante dans ses lumières du soir et repoussante dans ses boyaux, Abel Ferrara met en scène plusieurs aspects de la religion et des grandes religions monothéistes à la travers la figure du Christ, qu’elles ont en commun.
Il y a tout d’abord Mary, une actrice célèbre qui, après avoir interprétée une Marie-Madeleine à l’écran, quitte sa vie et ses certitudes pour aller à Jérusalem chercher un sens à sa vie, sur les traces du Christ et dans les violences de la société israélienne. Il y a un présentateur télé d’une émission religieuse très populaire, qui n’est pas croyant. Un réalisateur de cinéma, cherchant la polémique et la confrontation en présentant un Jésus qui heurte certaines communautés religieuses mais qui fait parler de lui. Et des religieux fanatiques de tous bords qui utilisent le moindre prétexte pour engendrer la violence, sous couvert d’exigence de la vérité.
Film foisonnant par toutes les pistes et les questions qu’il soulève, Mary n’est jamais un film racoleur. Quand il dénonce les comportements violents, il ne laisse jamais au spectateur la possibilité de tomber dans le voyeurisme. Tout est suggéré, rien n’est imposé. De même, les images qui suscitent l’émotion ne sont pas manipulatrices. L’émotion qui survient alors ne nous anéantit pas. Elle nous touche mais elle nous laisse libre face à l’image et au propos du réalisateur. Ainsi, on peut cheminer tout au long du film, avec les différents personnages et, à travers leurs doutes, affronter nos propres interrogations.
Les deux personnages principaux sont interprétés par Juliette Binoche, pleine de grâce, serrait-on tenté de dire tellement elle irradie chacune des images où elle apparait. Et par Forest Whitaker qui exprime la colère et le repentir avec une justesse qui fait frissonner ! Ces deux personnages, l’une blanche et lumineuse, l’autre noir et sombre, n’étant que les deux mêmes faces d’une seule humanité à la recherche de son Père ou, pour ceux qui n’y croient pas, à la recherche du sens de la vie, dans un monde contemporain qui se laisse trop souvent berner par des images éphémères.
A la Mostra de Venise, ce film a obtenu le prix Signis.
Source : Diocèse de Lyon