Le site de Rocamadour recèle une histoire floue, millénaire, écrite par les pèlerins. L’amènagement a dû répondre à leur afflux, accueillant ainsi petits et grands de ce la Chrétienté.
Suppositions et incertitudes : Rocamadour raconte ses légendes. Mais le manque d’éléments factuels fiables rend flou le commencement historique du lieu.
Avant l’an mil, le site aurait pourtant hébergé un sanctuaire dédié à la Vierge, au flanc de la falaise qui borde le canyon de l’Alzou. Il aurait été tenu par des moines de Marcillac puis de Tulle. C’est pourquoi le site recense des pèlerins depuis le Haut Moyen-Age. La première date sûre est 1166, avec la découverte d’un corps, soi-disant intact, d’un ermite. La légende l’identifie comme celui de Zachée, l’histoire le désigne comme celui de Saint-Amadour. Le site dénommé «Le Val Ténébreux» change alors de nom pour devenir Rocamadour. Et tout cela concorde avec l’époque des miracles: Notre-Dame de Rocamadour en aurait accompli beaucoup dans la seconde moitié du XIIe siècle. Du coup, les pèlerins en provenance de tous horizons affluent pour vénérer la statue : Espagne, Italie, Allemagne, Angleterre, Pays-Bas, Moyen-Orient. Au point qu’en 1170 est rédigé le «Livre des Miracles de Notre-Dame de Rocamadour».
Constructions
Au XIème et XIIIe siècle, pour répondre à cette venue massive des pèlerins, les Bénédictins qui occupent le site construisent chapelles et monastère. Le lieu de pèlerinage devient également une étape vers Saint Jacques de Compostelle. L’oratoire de la statue est flanqué d’une vaste basilique appuyée sur une église inférieure, la crypte. Différentes chapelles viennent compléter le lieu de prière : Sainte-Anne, Saint-Biaise, Saint Jean-Baptiste, Saint-Michel. Les abbés de Tulle se font également construire un palais. De leur côté, les pèlerins viennent en nombre… et en genres : les plus pauvres, les malfaiteurs, les infirmes, les rescapés des naufrages et les guéris côtoient les grandes personnalités : on compte parmi eux notamment Saint-Louis, Saint-Bernard, Saint-Dominique, Saint-Antoine de Padoue, Blanche de Castille, ou encore Philippe Le Bel.
Des ruines à l’inspiration
Mais les guerres de religion rompent la tendance et dévastent le sanctuaire. En 1562, les huguenots ruinent le monastère. Il faut attendre le XVIIe siècle pour voir s’installer un nouveau mobilier liturgique. À nouveau ruiné par la Révolution française, le sanctuaire est renové en 1835. C’est également à cette date que naît la Congrégation de Notre-Dame du calvaire. La parution du livre de l’Abbé Caillau sur l’histoire de Rocamadour en 1842 relance les pèlerins sur les chemins de Rocamadour. De nombreux poètes et écrivains célèbrent le lieu, parmi lesquels Victor Hugo, Fénelon, Michelet et Francis Poulenc, qui y compose «Les litanies de la Vierge noire».
Aujourd’hui, le pèlerinage de Rocamadour avec la montée de plus de 200 marches, traditionnellement parcourues à genoux et le chemin de croix, attire 1 500 000 personnes par an, dont 40% d’étrangers. Lucien Lachèze-Rey évoque la « verticalité du lieu où les édifices qui s’étagent semblent un défi et un appel à l’ascension spirituelle ». D’autant plus qu’elle est jumelée avec le lieu de culte polonais de la Vierge noire, Czetochowa, et la québecoise Notre-Dame de Rocamadour. Par sa beauté rocailleuse de «cité vertige, cité sacrée, Rocamadour écrit dans le calcaire une fabuleuse histoire humaine et spirituelle, symbole de foi et d’espérance», comme l’indique le site web de la ville.
Et l’afflux incessant des pèlerins l’atteste chaque année.