C’est avec un regard empreint de délicatesse et de tendresse que Zabou Breitman nous révèle une histoire d’amour qui dépasse la mémoire…
Se souvenir, apprécier, goûter : une pluie d’orage, un premier baiser, la saveur du vin… Oublier : le chemin pour aller à sa chambre, la notion de jour et de nuit, sa langue maternelle, son passé…
C’est ainsi que l’on vit aux “Ecureuils”, lieu d’accueil des personnes souffrant de troubles de la mémoire. C’est là que Claire, qui perd la mémoire, et Philippe, amnésique, se rencontrent.
“Se souvenir des belles choses” est d’abord une grande histoire d’amour. C’est un mystérieux échange entre cette jeune femme, peu à peu dépouillée de sa mémoire, de sa raison, de son autonomie, mais capable d’aimer de tout son être et d’être aimée, et cet homme, qui sait accueillir en Claire son identité la plus profonde, et qui, par cet amour, retrouve peu à peu son passé.
Pour son premier film en tant que réalisatrice, Zabou Breitman s’attaque à un thème ambitieux, celui de l’identité humaine.
Claire perd la mémoire mais elle garde intacts ses désirs les plus personnels : le désir de liberté car jusqu’au bout elle lutte, s’accroche, se révolte, s’échappe ; le désir d’aimer : jusqu’au bout Philippe et Claire continuent à communiquer, au-delà de la parole.
En toile de fond de ce film, il y a évidemment la mémoire, mais sont abordés aussi d’autres thèmes tels que la médecine, la force de sa dimension humaine et ses limites techniques (Claire ne peut pas guérir), l’essence de la vie, faite de joies et de souffrances, indissociables.
L’humour, ce film pourtant grave n’en manque pas, servi par une formidable troupe d’acteurs dont la sympathie crève l’écran. Bernard Campan est remarquable dans le rôle de Philippe.
Zabou signe sa réalisation en la semant de touches personnelles (ascendances juive et québecoise par exemple) et de clins d’oeil. En dehors de quelques scènes maladroites qui tombent dans la sensiblerie, ce film attachant porte un regard élevé sur l’homme, l’amour et la vie, et l’on s’en souviendra comme d’une belle chose.