Ce n’est pas souvent qu’on peut voir des films du Kazakhstan, encore moins tourné par une femme. Et pour son premier long métrage, Gulshat Omarova nous offre une très belle oeuvre, tant sur le fond que sur la forme.
Dans ce pays qui tente de construire une autre façon de vivre dans les ruines de l’empire soviétique et les carcasses rouillées du communisme, la pauvreté pousse plus vite que les fleurs. Après avoir assistés à la destruction de leur mode de vie traditionnel par les Soviets, les Kazakhs sont entrés violemment dans l’ère du capitalisme. Aucune transition, le seul repère stable étant la bouteille de vodka.
Shizo, c’est l’histoire d’un adolescent. Il n’est déjà pas facile d’être un adolescent ordinaire mais celui-ci est en plus considéré par son entourage comme légèrement attardé et donc bon à rien. Avoir comme surnom « Schizo », ça aide pas.
Il vit entouré de misère dans un univers sordide où la violence quotidienne semble être le seul moyen de survivre. on comprend pourquoi il préfère rester dans son monde intime. Les combats de boxe illicites permettent à certains de gagner de l’argent. Cela va surtout permettre à Shizo de montrer qu’il est loin d’être idiot.
Avec une écriture très personnelle et très sûre, Gulshat Omarova nous plonge dans cet univers très particulier où la poésie et la tendresse peuvent surgir derrière les terrains vagues les plus sordides.
L’humour étant la politesse du désespoir, elle sait s’en servir pour décrire à la fois ce monde qui est le sien et celui dont on rêve tous, où un petit coup de pouce du destin rend les journées plus belles et donne aux amoureux une raison de vivre. L’histoire de Shizo devient alors magique et universelle et à travers le plan d’un panier de pommes rouges, on peut alors tous croire en un monde meilleur et un avenir plus radieux pour les enfants qui l’habitent.