La Communauté des Béatitudes de Saint Broladre compte parmi ses membres des artistes qui peignent, sculptent et dansent pour Dieu . Christine (iconographe), Claude (sculpteur) et Rachel (danseuse) ont bien voulu répondre à nos questions au sujet de leur art et de leur manière d’allier prière et création, en ce temps privilégié de Noël.
Christine, quelle icône peignez-vous en ce moment ?
Christine : L’icône que je peins actuellement est celle d’un Archange. La mission d’un Archange est de faire connaître aux hommes les plans d’amour de Dieu. En l’occurrence je pense aux anges qui sont apparus aux bergers qui gardaient leurs troupeaux dans les champs, ils leur annoncent qu’un Sauveur est né et qu’ils Le trouveront couché dans une crèche. Grâce aux anges, les bergers se mettent en route pour venir adorer Dieu.
Comment procédez-vous pour peindre une icône ?
Christine : Je pose sur une planche de bois un tissu fin et après l’avoir encollé je pose plusieurs couches d’enduit appelé levka , ensuite je ponce la planche jusqu’à l’obtention d’une surface bien lisse et parfaite. Je dessine le modèle qui m’a été demandé de peindre, je pose de l’or aux endroits souhaités puis je pose les premières couches de peinture (pigments mélangés à du jeune d’uf). Petit à petit j’éclaircis, je pars de couleurs les plus sombres et en dégradant j’arrive jusqu’à la plus claire. Je laisse sécher plusieurs mois puis, en dernier lieu, je vernis l’icône.
Qu’est-ce qu’une icône au juste, quelle est sa signification spirituelle ?
Christine : L’icône n’est pas une simple image ou une simple illustration de l’Ecriture Sainte mais elle est une théologie en image liée à la tradition écrite et orale de l’Eglise. Elle est un objet culturel lié à la liturgie. Elle est en lien étroit avec l’Evangile et correspond toujours à une fête célébrée dans la liturgie. Elle est un reflet du Royaume de Dieu sur la terre, elle témoigne d’une présence et permet une rencontre avec le Seigneur représenté en elle.
La peinture d’icône est intimement liée à la prière ?
Christine : Avant de peindre, je me mets en prière, demandant à Dieu de bénir tout spécialement ceux qui vénéreront l’icône en préparation et je prie à la fin de mon travail.
Vous, Claude, vous êtes sculpteur. Quand avez-vous commencé à sculpter ?
Claude : Avant de pratiquer la sculpture, j’ai été peintre. Ce désir de peindre est né en haute montagne, lors d’une randonnée. Après une formation, j’ai découvert la fibre artistique cachée au fond de moi. J’ai commencé à peindre la montagne sous toutes ses coutures, pendant des années, jusqu’au jour où Dieu est entré dans ma vie.
Votre découverte de Dieu et votre entrée dans la Communauté des Béatitudes ont changé quelque chose ?
Claude : Oui. Quand j’ai rencontré la Communauté des Béatitudes, je souhaitais continuer la peinture pour Dieu, mais Lui n’a pas voulu. J’avais en réserve une dimension plus grande pour moi. Pour cela, il fallait plonger dans la prière. Deux ans après, je commençais la sculpture, 17 ans après donc, car Il a voulu que je devienne sculpteur et non peintre. Après une bonne formation au départ, où j’ai appris toutes les dimensions de la sculpture, j’ai pu, moi aussi, transmettre à d’autres ce que je savais.
Quelle dimension spirituelle revêt la sculpture pour vous ?
Claude : Quand je fais des copeaux pour Dieu, dans une oeuvre, je sais que Lui aussi, taille en moi, pour continuer son uvre. Je me laisse faire par Lui et Lui guide l’inspiration et le travail. L’Art sacré a une source, elle est en Dieu. Elle est au cur de ma prière, de mon union avec Dieu, c’est là que je puise l’inspiration et c’est à partir de cette source que je deviens un prolongement, un témoin de la beauté qui est en Dieu.
Priez-vous en sculptant ?
Claude : Je prie avant, pendant et après chaque oeuvre.
Rachel, comme Christine et Claude, vous êtes membres de la Communauté des Béatitudes de Saint Broladre et on vous a confié l’enseignement des danses d’Israël.
Rachel : Cela m’a surprise au début, car je n’avais pas tellement accroché avec. J’aimais beaucoup danser mais apprendre des pas pour les retransmettre me faisait peur et puis les danses étaient pour moi occasion de défoulement et d’amusements !
Vous pratiquiez la danse avant ?
Avant les danses d’Israël, j’ai pratiqué plusieurs autres styles de danses, comme le hip hop, la danse classique et la danse africaine.
Quelle dimension spirituelle revêt la danse pour vous, telle que vous la pratiquez aujourd’hui ?
Rachel : L’un des premiers objectifs des danses d’Israël c’est de nous amener à la prière et de nous tourner vers Jésus de tout notre être (âme, corps, esprit), de nous décentrer de nous-mêmes, de nos blessures, de nos problèmes, de nos hontes, du regard des autres ! Cela n’empêche pas de les lui présenter et de les abandonner ; c’est ainsi qu’il se fait beaucoup de guérisons cachées. Dieu passe à travers les gestes d’amour qu’on lui offre, que l’on fait dans la foi, il passe à travers la musique et les frères et soeurs qui nous entourent et qui nous portent.
Pourquoi les danses d’Israël au fait ?
Rachel : Les danses d’Israël nous ramènent aux sources de notre foi : le judaïsme. A travers les danses d’Israël, on s’approche du mystère de ce petit peuple, le plus petit, élu, préféré de Dieu.
Comment incluez-vous la danse dans votre prière communautaire ?
Rachel : Principalement après les Vêpres de la Résurrection, le samedi soir car, pour nous, c’est une grande fête : le Christ est ressuscité , Il est venu pour transfigurer notre être et nous libérer de nos péchés, aussi horribles puissent-ils être.
Comment envisagez-vous le rapport entre prière et danse, entre prière et création artistique de manière générale ?
Rachel : Mon avis personnel est que si l’approche d’une oeuvre n’est pas inspirée par Dieu, qui est pleinement Amour, implicitement ou explicitement, cette oeuvre alors dépourvue de sens s’en fera ressentir par sa qualité, sa beauté et ce qu’elle dégagera. Il est toujours plus facile pour un être de faire ressortir ce qui est mal et laid, c’est-à-dire ce qui le rend impur, que ce qui est bien et beau, c’est-à-dire, tendu vers le divin.
Dernière question : Quelle danse danserez-vous le soir de Noël ?
Rachel : Une danse qui s’appelle : Et l’Espoir renaît dans mon coeur ! ! !