Le temps de l’absence qu’ouvre l’Ascension de Jésus n’est pas un temps vide. En attendant le jour de son retour dans la gloire, il y a une vie à vivre, une mission à accomplir.
Dans la Bible
L’épisode de l’Ascension (au quarantième jour du temps pascal) de la montée au ciel de Jésus Ressuscité et glorifié nous est relaté par les évangiles de Marc (chapitre 16 verset 19) et de Luc (chapitre 24 verset 51) qui ne consacrent que quelques mots à l’événement, enfin, le livre des Actes des Apôtres qui donne un récit plus long (chapitre 1, versets 9-12)
Luc, dans son évangile, situe l’Ascension de Jésus le “premier jour de la semaine”, le jour de la Résurrection. Il veut donner un message sur la personne et l’œuvre de Jésus. Son ascension dans la gloire parachève sa victoire sur la mort et donne le sens de la résurrection de Jésus pour la foi.
Par contre, dans le livre des Actes, Luc situe l’Ascension quarante jours après Pâques. Il nous présente les événements selon le vécu des apôtres. Il voit les choses du point de vue de la communauté.
Il étale dans le temps ce mystère pascal qui fonde la foi de l’Eglise. Il veut faire comprendre à ses lecteurs qu’il a fallu un certain temps aux apôtres pour assimiler un évènement aussi inouï.
Les récits de Luc ne relèvent pas du reportage soucieux d’exactitude chronologique, mais d’une logique thématique au niveau de ce qu’il veut faire comprendre. N’oublions pas que les récits évangéliques ne sont pas des reportages, mais des relectures d’événements à la lumière de Pâques, destinés à la catéchèse des catéchumènes.
Quarante jours
Ce chiffre est chargé de sens dans la Bible, désignant un temps d’épreuve ou de révélation (40 années dans le désert entre la sortie d’Egypte et l’entrée en Terre Promise, 40 jours du Christ dans le désert avant d’entrer dans sa vie publique).
Il indique qu’il a fallu un certain temps à la première communauté chrétienne pour entrer dans la signification de la Résurrection de Jésus. Durant quarante jours, le Christ s’est manifesté Vivant à ses disciples afin de les initier à sa Résurrection et à ce qu’elle signifie. Il leur a donné une compréhension renouvelée de son message et il les a formés à leur mission.
Ce n’est pas un Jésus resté sur terre qui se manifeste à ceux qu’il a choisis, mais bien le Seigneur Ressuscité, venant du ciel, d’auprès du Père. L’Ascension est donc la dernière remontée au ciel du Christ Ressuscité, comme il y en avait eu après chaque manifestation.
Avant ” d’être élevé ” Jésus annonce à ses disciples la venue de l’Esprit Saint qu’ils vont recevoir (Pentecôte) et il les institue comme ses ” témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre” (Actes chapitre 1 verset 8). La tradition chrétienne situe l’Ascension sur le mont des Oliviers, lieu du départ de la montée de Jésus vers Jérusalem (la fête des Rameaux), de son agonie (Gethsémani), et de son Ascension (c’est-à-dire de sa montée, de son retour glorieux auprès du Père).
“Il s’éleva et une nuée vint le soustraire à leurs regards” (Actes chapitre 1 verset 1 à 11). Luc fait ici certainement référence au récit biblique de l’enlèvement du prophète Elie au ciel dans le deuxième livre des Rois chapitre 2.
Au moment de la séparation, “deux hommes en vêtements blancs” interpellent les apôtres qui sont encore sous le coup de la disparition du Seigneur en leur disant : “ . pourquoi restez-vous là regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé pour le ciel viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel” (Actes 2 verset 11).
Déjà, le jour de la résurrection, “deux hommes… en vêtements éblouissants ” avaient interpellé les femmes au tombeau avec un pourquoi nuancé de reproche : ” Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ?” (Luc chapitre 24 verset 4-7).
Les représentations de l’Ascension
Les premières représentations de l’Ascension datent de la fin du IV° siècle et prennent rapidement deux formes : Jésus est porté au ciel par des anges (églises byzantines). Il s’élève seul et saisit la main de Dieu sortant des nues (églises romaines). Marie et les apôtres suivent généralement la scène des yeux.
Spiritualité chrétienne de l’Ascension
Le temps de l’absence qu’ouvre l’Ascension de Jésus n’est pas un temps vide.
En attendant le jour de son retour dans la gloire, il y a une vie à vivre, une mission à accomplir. Les chrétiens doivent demeurer unis dans la foi et les sacrements à leur Seigneur glorifié, et vivre dans l’espérance qui anime toute la vie chrétienne en suscitant la prière et l’amour fraternel.
La Première lettre de Pierre (chapitre 3, verset 15) nous invite à rendre compte non seulement de notre foi, mais plus précisément de notre espérance :” Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte”.