Pendant le temps de l’Avent, nous vous proposons de nous attarder plus particulièrement sur la figure de Saint Paul afin qu’il nous aide à être jour après jour plus proche de Celui que nous attendons.
Le Pape Benoît XVI a voulu que, de juin 2008 à juin 2009, l’Eglise vive une année saint Paul, c’est-à-dire une année à la suite de celui que l’on nomme l’Apôtre des Nations, découvrant à la fois son cheminement personnel, sa mission et ses écrits. L’Apôtre Paul est une figure passionnante des débuts de l’Eglise. Né à Tarse aux alentours de l’an 10 de notre ère. Il est juif de naissance et romain par privilège impérial. Son nom peu fréquent à l’époque, Saul ; il le transformera en Paul lors de ses contacts avec le proconsul de Chypre qui porte ce prénom.
Paul a un caractère bien trempé et entier. Ses écrits en sont un témoignage vivant. Il suit des études dans le judaïsme et choisit un maître avisé Gamaliel ; de la même manière, dans l’Eglise aujourd’hui, on peut choisir un père spirituel, qui aide à relire sa vie sous le regard de Dieu et qui accompagne un approfondissement dans la foi et dans la vie spirituelle par ses conseils et sa sollicitude, sans jamais prendre cependant de décision à la place de celui qu’il accompagne. Paul s’engage dans une pratique un peu excessive du judaïsme, qui le conduira jusqu’à persécuter les chrétiens, pensant que ces derniers constituent une secte dangereuse pour le judaïsme. En effet, il ne comprend pas que l’on puisse diviniser un homme, Jésus, car c’est bien ce que les chrétiens proclament alors et qui apparaît, dans l’ordre humain, impensable et inimaginable. Ce qu’il fait, il croit le faire évidemment pour la gloire de Dieu.
C’est alors que, sur le chemin de Damas, il fait une expérience spirituelle singulière. Il a une vision du Christ : « Je suis Jésus que tu persécutes » (Ac 9, 5) et il est transformé instantanément. Il s’agit essentiellement d’une expérience intérieure sur laquelle Paul est relativement discret ; même si l’art chrétien l’a montré terrassé et mis à bas de son cheval, jamais cela n’est dit dans l’Ecriture. Paul évoquera son expérience à plusieurs reprises dans ses différents écrits, mais sans pouvoir transcrire véritablement ce qui s’est passé en lui. Il est d’ailleurs pour chacun particulièrement difficile de mettre des mots sur ce qui se passe dans le plus profond de son cœur, cet espace de l’être spirituel où chacun peut accueillir Dieu et être en relation avec Lui. L’accompagnement spirituel est précisément le lieu où l’on apprend à mettre des mots sur des réalités spirituels personnelles et intimes, pour grandir dans la foi, dans la relation à Dieu, à soi-même et aux autres.
Après cette rencontre avec le Christ ressuscité, il y aura pour l’Apôtre un temps d’approfondissement, de maturation auprès d’Ananie, qui lui ouvrira les yeux (Ac 9, 10-18). Ce n’est pas parce qu’il a rencontré le Christ qu’il est prêt à l’annoncer. Il lui faut faire tout un chemin intérieur pour connaître davantage le mystère chrétien, pour grandir dans la foi et pour affermir sa relation au Christ ressuscité. Il en va de même pour chacun de nous, la connaissance du Christ ne peut pas être que cérébrale. Nous avons une tête, mais aussi un corps et un cœur. Il nous faut peu à peu laisser le Christ demeurer en nous et nous transformer de l’intérieur, pour que tout notre être et toute notre action soient habités par le Seigneur et que notre foi inonde notre vie quotidienne pour la libérer et l’orienter. Paul doit aussi faire l’expérience de la vie dans la communauté chrétienne, dans l’Eglise. Car on n’est pas chrétien tout seul. Un chrétien qui voudrait vivre sa foi tout seul est en danger de mort spirituelle, car il se fera sa petite religion à lui, il se constituera d’une certaine manière un dieu à sa mesure et il n’acceptera plus de recevoir de l’Eglise à la fois l’enseignement des mystères et la grâce qui nous vient par les sacrements. Et puis, la foi se célèbre, la rencontre avec Jésus se réalise notamment dans l’Eucharistie dominicale. Au cours de la Messe du dimanche, nous rencontrons Jésus au moins de trois manières : dans la communauté chrétienne rassemblée, qui est le Corps du Christ, dans la Parole de Dieu, car c’est Dieu qui nous parle et qui a quelque chose à nous dire de particulier pour éclairer notre route, dans le Corps du Christ, car le Christ est réellement et totalement présent dans le pain et le vin consacrés.
Et si chacun de nous acceptait d’être à sa manière un saint Paul, se laissant transformer par le Christ sur son chemin de Damas, se laissant accompagner dans sa vie spirituelle et se laissant instruire par l’Eglise ?