Dans son dernier numero, la revue “Croire aujourd’hui Jeunes Chrétiens” aborde le sujet des relations parents – enfants. Extrait.
Jamais contents, les parents ? Trop proches, trop lointains ? Comment savoir ?
Beaucoup de parents se plaignent aujourd’hui de ne pas trouver la bonne distance avec leurs enfants. Ecoutons Hélène, 45 ans : “Notre aîné est toujours à la maison. Pourtant, il arrive au bout de ses études. Sa copine semble partager une bonne partie de sa vie, vu qu’elle est tout le temps à la maison. Mais c’est comme s’il était à l’hôtel. Nous le laissons évidemment libre de ses horaires, et je m’occupe de son linge. Moi, je sens comme un malaise.”
Un peu comme si son aîné la gênait
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Côté jeunes, plus dure sera la chute
Côté jeunes, ne pas sortir du cocon parental, c’est rester en enfance. Certes, cette période bénie procure sécurité, chaleur. On ne part vers l’extérieur que pour en tirer le plus facile, le plus accessible : les plaisirs proposés. Par exemple, vivre en couple chez ses propres parents. Est-ce bien raisonnable ? Certes, on a le beurre (le logement), l’argent du beurre (la nourriture), et le sourire de la crémière (les petites attentions de maman, trop contente de voir son fils chéri toujours accroché à ses basques)
Mais les conditions sont-elles bien réunies pour construire un nouveau couple, libre de ses choix, de ses horaires, et, ultimement, de donner la vie ? Certes, un couple chez ses parents peut gagner son propre argent et rétrocéder un loyer . Mais tout cela reste bien loin des contraintes du vrai monde, celui où il faut se battre avec un patron, des horaires, un propriétaire, un banquier, le plombier et l’électricien
Plus tard sera la sortie dans ce vrai monde , plus dure sera la chute
Côté parents, pas trop loin, pas crampons
Côté parents, la distance est parfois trop longue : absorbés par des vies professionnelles intenses, certains pensent facilement, comme Catherine, 35 ans, que les enfants doivent être autonomes très jeunes . Moralité : ses enfants, certes autonomes , se nourrissent à leur convenance, consomment télévision et jeux vidéos à leur mesure, c’est-à-dire sans fin. Pour parler avec ces parents-là, une seule solution : prendre rendez-vous. Et encore, leurs agendas étant si surchargés, il n’y a pas si souvent de l’espace disponible
On voit ainsi naître une génération de jeunes pré-adultes loin, si loin de leurs parents qu’il ne savent plus bien à qui s’adresser, au jour le jour pour toutes ces questions existentielles si importantes : orientation, vie affective etc.
Dans la réalité, rien n’est simple. Les situations sont différentes selon que cette question de la distance se joue avec le père ou avec la mère. Pendant longtemps, le père était distant, la mère était proche. Aujourd’hui, c’est plus compliqué. Certes, Freud nous a appris qu’un fils est toujours un peu amoureux de sa mère. Pour construire son propre couple, il devra (et elle devra aussi
) prendre une bonne distance, sortir de l’orbite initiale pour voguer vers d’autres planètes. De même, un père devra accepter, un jour, que la superbe jeune fille qu’il a enfantée, à nulle autre pareille, s’envole vers d’autres bras que les siens. C’est la condition pour mettre la chair de sa chair comme dit la Bible, en situation de donner, à son tour, la vie
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Entre générations, des différences fondatrices
Et nous touchons là les fondations mêmes de ce qui fait qu’un homme est un homme. Notre début de millénaire clame tant le droit à la différence qu’il est bon de lui rappeler les différences fondatrices, qui nous indiquent le chemin de la bonne distance à prendre
D’abord entre les générations : des parents, qui ont donné la vie, se doivent de la donner jusqu’au bout, c’est-à-dire de laisser cette nouvelle vie
.vivre sa propre vie. Ensuite entre les sexes : c’est hors du cocon familial, simple base de lancement d’une vie, que l’homme devient homme, que la femme devient femme ; Enfin entre les statuts. Alors que la société marchande veut, littéralement à tout prix, nous faire croire que le prof est un copain, le policier un éducateur, le père un grand frère, la mère une copine de plus (à peine plus âgée : Elle a su rester si jeune !
), il est bon de rappeler que la distance, la non-proximité entre les divers titulaires de diverses autorités favorise la transmission des savoirs, des expériences. Cet espace-là est nécessaire à la circulation de la parole qualifiée, qui seule fait grandir. Si tout le monde dit la même chose, pourquoi grandir ?
Le même impératif de distance apparaîtra, plus tard, au sein du nouveau couple qui prendra la relève des générations. Un homme et une femme en fusion permanente, si proches l’un de l’autre qu’ils ne respirent que l’haleine de l’autre, qu’ils ne se voient que dans le miroir du regard extasié de l’autre, sauront-ils s’écouter, écouter de l’autre une parole différente ? Ce n’est qu’à cette dernière condition que leur couple pourra se construire.
La même distance que les trois personnes de la Trinité
Au fond, cette question, si difficile, de la bonne distance entre ceux qui s’aiment, peut se résumer en deux comparaisons : le courant électrique
et la Trinité. Tout le monde sait qu’entre deux pôles électriques, la distance est nécessaire pour que le courant passe. S’ils sont trop proches, il y a un risque sérieux de court-circuit. A sa façon, la Trinité met en évidence, avec ses trois personnes, que l’amour de Dieu pour les hommes ne risque pas le court-circuit : Dieu s’est fait Homme, animé par le souffle de l’Esprit. Entre ces trois-là, il y a de la distance, de l’espace pour se considérer : Jésus parle à son Père, qui lui répond, comme à nous dans l’Esprit. A eux trois, ils nous proposent un amour en mouvement, qui avance sur le chemin de l’humanité. Cette proposition transparaît clairement dans les attitudes de Jésus vis-à-vis de son entourage. Autour de lui, beaucoup de gens (les disciples, les malades..) sont en demande forte, loin de toute distance. Jésus, avec justesse, les écoute, s’inquiète de leur sort, tente d’être attentif à leur désir profond. Mais il ne les capte pas. Toujours, il leur montre un chemin, leur ouvre un avenir. Jamais il ne garde ceux qui l’aiment, et qu’il aime, pour lui.
Plus largement, la Bible nous rappelle sans cesse : Tu quitteras ton père et ta mère
. Souvenons-nous à quel point Marie et Joseph se sont inquiétés lorsque Jésus, comme tant d’adolescents, leur a filé entre les doigts pour vivre sa vie et rencontrer les responsables du Temple
Pourquoi m’avez-vous cherché ? Ne savez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? Ceci reste vrai pour chacun d’entre nous
Informations complémentaires :
Retrouver dans le n°14 de “Croire Aujourd’hui Jeunes Chrétiens” consacré à ce thème, l’opinion de jeunes, une rubrique cinéma, des repères bibliques, un tableau qui aide à prier, des idées d’animation…
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