Avez-vous noté à quel point les lectures que nous entendons en ce 1er dimanche de l’Avent demeurent dans le même ton que celles que nous avons déjà entendues à la fin de l’année liturgique à peine achevée ? Il n’y est question que de la fin des temps et que de la nécessaire vigilance pour être prêt à accueillir le Seigneur quand il viendra, quel que soit le temps de cette venue.
Cela peut nous causer quelque surprise. En effet : puisque l’avent est le temps qui nous prépare immédiatement à la Nativité, on eût pu s’attendre à ce que, d’emblée, Noël apparût comme le but à atteindre, le terme de l’entrée en avent. Pourquoi donc commencer par reparler de la fin des temps ? Pourquoi reparler de ce deuxième et dernier avènement du Seigneur alors que nous nous apprêtons à fêter le premier ? Sans doute parce que l’un et l’autre sont liés. Et c’est cela qu’il convient de méditer aujourd’hui.
La vigilance
Arrêtons-nous, pour commencer au mot même par lequel on nomme le temps dans lequel nous entrons : avent, c’est-à-dire venue, advenue. C’est assez dire que nous sommes entrés dans une période particulière où nous allons refaire acte d’espérance. Cela signifie que nous allons épouser une dynamique spirituelle dont le maître mot est vigilance. « Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ! » En revanche, nous savons qu’il y aura un jour et une heure pour la venue du Seigneur. Nous savons qu’il vient nous sauver celui que nous attendons. Seulement nous ne savons pas quand.
La promesse
L’accent est à mettre d’abord sur la promesse. C’est le sens de la première lecture, tout entier énoncé dès la première phrase : Voici venir des jours – oracle du Seigneur – où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai prononcée sur la maison d’Israël et sur la maison de Juda… (Jr 33, 14). Cette parole est le socle sur lequel repose toute l’espérance d’Israël et la nôtre aujourd’hui. Mais il y a plus car dans cette même prophétie, le Seigneur laisse entrevoir quelque chose de ses intentions, c’est-à-dire la manière dont il compte s’y prendre pour réaliser cette promesse : nous savons déjà que la descendance de David y jouera un rôle déterminant. Nous savons surtout que le Seigneur ne laissera pas sans fruit l’Alliance qu’il a établie avec son peuple, quand bien même toutes les circonstances sembleraient contraires ! En écoutant Jérémie, en effet, nous écoutons un prophète qui parle d’espoir à l’heure où le malheur semble donner le ton et le rythme. Sa parole est d’autant plus forte ! À l’heure où Jérusalem est dépossédée d’elle-même, le prophète annonce le retour en paix, et la vie dans la justice. Il parle contre toute évidence, il espère, littéralement contre toute espérance. Mais c’est bien là son rôle de prophète.
Le temps favorable
La dynamique spirituelle dont nous parlions plus haut, est là, dans l’acte de foi qui à chaque temps et moment de l’histoire perçoit le temps favorable, dont parle saint Paul. Car c’est chaque instant qui est le temps du salut. Même quand les vents de l’histoire semblent contraires, le souffle de l’Esprit est à l’œuvre pour que le salut de Dieu ne soit pas balayé par la tempête.
Au moment d’entrer dans une nouvelle année liturgique et de nous mettre en route vers Noël et la crèche, il nous faut reprendre la juste mesure des choses : au cœur de la grande histoire du monde, dont nous voyons chaque jour les multiples et terribles dangers qu’elle nous fait encourir ; comme dans nos histoires personnelles si souvent traversées de questions, de doutes, d’épreuves, il y a la présence active du Seigneur qui est toujours en train de venir au-devant de nos attentes. Nous l’attendons mais il est déjà en chemin ; nous le prions mais il vient déjà au-devant de notre prière.
Avent signifie que le Seigneur vient. Ce temps préparatoire à la Nativité du Sauveur nous est donné pour que nous nous éveillions à la prévenance de Dieu. Veillons et prions, à l’invitation de saint Paul, pour que nos cœurs soient affermis en sainteté devant Dieu, notre Père, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus, avec tous les saints.