Synonyme parfois de faiblesse, évoquant aussi la condition humaine, la chair dénigrée ou glorifiée. Mais quand la Bible en parle, de quoi parle-t-elle ?
I – Chair
1.- Dans la Bible, le mot «chair» désigne d’abord les muscles du corps de l’homme, de l’animal, de l’oiseau, du poisson; ou, plus exactement, toutes les parties molles du corps (Lc.24,39; 1Co15,39). La chair est différente de l’esprit ( Mt26,41; Col2,5)
2.- Le mot chair désigne surtout tous les êtres faits de chair : l’homme et les animaux inférieurs, mais surtout l’homme dans sa faiblesse (Gn.6,13, 19; 8,17; Ac.2,17; Rm.3,20). Le Psalmiste s’écrie: “En Dieu je me confie… que me fera la chair?”. (Ps.56,5) autrement dit : “…que pourrait me faire l’homme mortel?”
3.- Enfin la chair désigne la nature humaine, privée de l’Esprit de Dieu, dominée par les appétits qui asservissent les facultés intellectuelles, les sentiments, la volonté et aussi le corps (Rm.7,5; 8.5-7; 2Co7,1; Ga.5,19-21; 2P.2,10). Dans ce sens, le mot chair désigne l’être humain tout entier, le Moi incapable de faire le bien sur lequel, avec Paul, nous devons perdre toutes nos illusions. (Rm.7,18-25) Cette chair existe encore chez le croyant et ne peut être ni améliorée ni sanctifiée; elle ne peut être que subjuguée, tenue en échec, en réalité crucifiée par la soumission à la présence et à la puissance de l’Esprit Saint. Car l’homme régénéré a désormais 2 natures, la chair et l’esprit. Dans un arbre greffé, la vieille nature est encore là, crucifiée en quelque sorte, pour porter la nouvelle nature, seule capable de produire de bons fruits. Si nous nous livrons, par la foi, au Seigneur qui fait de nous son temple, l’Esprit manifestera sa victoire sur la chair et portera son fruit à la gloire de Dieu. (Ga.5,16-18, 22-25; Rom.8,2 -4, 12-13)
II – Charnel (en grec : sarkikos / sarkinos, de sarx : la chair).
1.- Ayant la nature de la chair, c’est à dire, humaine, sensuelle et terrestre, sous l’empire du péché; gouverné par les appétits “animaux” en dehors de l’influence régénératrice divine. (Rm.7,14; 1Co3,3) Ayant une nature charnelle corrompue, l’homme est marqué par son opposition à Dieu, l’attraction du péché (Rm.8,7) le caractère non spirituel de la sagesse qu’il exerce (2Co.1,12) et la faiblesse des armes avec lesquelles il essaie de combattre (2Co10,4).
Parfois «charnel» désigne les convoitises qui ont leur source dans la nature déchue et corrompue de l’homme.
Certains psychologues chrétiens situent la nature charnelle au niveau du subconscient, y voyant le réduit où sont entreposées les impressions, pensées et expériences lorsque celles-ci échappent à la réflexion consciente. Echappant à la volonté, le bien et le mal s’y entremêlent sans influence directrice. Les mauvaises influences excitent les appétits charnels, puis surgissent au niveau du conscient pour prendre au piège, séduire et réduire la volonté à l’esclavage.
2.- Ayant trait au corps ou aux choses nécessaires pour le soutien du corps (Rm.15,27; 1Co.9,11, 2Co3,3) en rapport avec la vie naturelle, éphémère, du corps. (Hb.7,16; 9,10)
On le voit, dans la Bible, la chair est esclavagiste, privée de l’Esprit de Dieu ; elle est du côté de nos illusions et génératrice de nos faiblesses physiques, psychologiques, spirituelles. Elle traverse toute notre humanité.
Seul le mystère de la croix nous permet de l’assumer comme ressuscitée.
Souvenons-nous du Credo : «je crois en la résurrection de la chair»