Ecouter, recevoir, gratuitement, sont des mots qui renvoient tous les trois à l’amour de Dieu, c’est à dire à l’essentiel.
Nous voilà à nouveau dans ce temps de Carême, ces quarante jours qui précèdent Pâques. Je dis « à nouveau » parce que nous sommes invités à cheminer vers la nouveauté de la vie, la nouveauté de la résurrection du Christ le jour de Pâques. Un souvenir de camp de jeunes me vient à l’esprit.
Dans un camp-chantier de jeunes, nous faisions tous les soirs un temps de partage en équipe afin de relire la journée et ce que nous y avions vécu. Avant que chacun ne prenne la parole, j’invitais à un petit temps de silence. Un soir, Michael, un des jeunes, nous déclare : « c’est dur le silence ! » ; « explique-toi » lui demandais-je ; « c’est dur, poursuit-il, parce que après le silence, on ne peut pas dire n’importe quoi ». Je l’invitais encore à s’expliquer ; alors il dit : « on peut pas dire n’importe quoi parce qu’on est écouté ! ».
Ce que Michael ce jour-là a compris de la vie spirituelle, j’aime l’appliquer au temps de carême. Nous nous demandons souvent pourquoi l’église a organisé un temps de carême ? Parce que nous avons besoin d’un temps concret, non pour être en règle, mais pour nous rappeler l’essentiel ; c’est bien ce qui arriva à Jésus comme on nous le dit dans l’évangile avec le récit des tentations au désert. Le fait de s’organiser aide souvent à ce qu’il se passe quelque chose. Si on n’avait pas fait ce temps de relecture, Michael n’aurait rien découvert.
Des signes concrets extérieurs nous invitent à nous souvenir de l’essentiel ; à nous souvenir non pas comme une simple commémoration, mais pour revivre à nouveau l’essentiel. Certes, l’essentiel peut se passer de signes extérieurs concrets mais ces derniers peuvent aussi nous aider.
Or quel est l’essentiel ? Michael l’a bien compris : écouter et être écouté. Michael a découvert qu’il a été pris au sérieux et que ce silence, parfois impressionnant et souvent exigeant, est une condition de la vérité. De même, le jeûne, l’aumône et la prière sont des conditions concrètes pour rencontrer Dieu.
Jean-Paul II dit : « vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ». Ecouter, recevoir, gratuitement, sont des mots qui renvoient tous les trois à l’amour de Dieu, c’est à dire à l’essentiel. Le carême est ce qui nous mène vers la semaine sainte, ce temps où Jésus, par le don qu’il fait de lui-même lors de la Cène, manifeste l’amour de Dieu pour chacun d’entre nous et pour tous les hommes. Vivons donc ce carême avec entrain et joie. Il nous rapproche de l’essentiel.