Comme chrétiens, nous n’adhérons pas d’abord à un système d’idées. Nous croyons à l’engagement de Dieu pour nous qui culmine dans l’événement de la Croix. C’est du dedans de notre humanité et de notre histoire que Dieu vient nous sauver.
Et précisément, dans l’événement de la Croix, ce qui apparaît, c’est le caractère primordial, de la part de Dieu, du principe pour dire : oui, le Père de Jésus assume tout de notre humanité et comme le dira l’Évangile de Jean, d’une manière éclatante :
” Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui ” (Jean 3,17).
C’est ce que nous appelons le mystère de la Croix, et que l’apôtre Paul condense en une expression inégalable : ” En sa personne, il a tué la haine ” (Eph 2,16).
La Croix de Jésus-Christ révèle et accomplit l’ouverture totale de Dieu à notre humanité, et cette ouverture va jusqu’au pardon.
Il faut relire dans cette perspective le récit de la passion de Jésus dans l’Évangile de Luc, et en particulier les dernières paroles du Fils sur la Croix :
” Père, pardonne-leur ils ne savent pas ce qu’ils font ” (Luc 23,34)
et juste avant l’instant de la mort :
” Père, entre tes mains, je remets mon esprit ” (Luc 23,46).
Et entre ces deux paroles s’intercale le dialogue avec le criminel qui reconnaît ses torts :
” Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi “. Jésus lui répondit : ” En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ” (Luc 23,42?43).
Voilà dans toute sa profondeur le mystère de la Croix : ce n’est pas seulement un événement de souffrance et de mort. C’est l’acte fondateur d’une Création nouvelle.
Croire en Jésus-Christ crucifié, c’est croire que notre monde, notre humanité, tels qu’ils sont, marqués par la violence et le mal, sont traversés du dedans par l’amour de Dieu plus fort que le mal. Voilà le cur du mystère de notre foi.