Ce mercredi 21 février, l’Église entre en Carême. Enzo Bianchi, fondateur de la communauté monastique de Bose, nous rappelle combien ce temps de préparation est un temps de cheminement spirituel, tout entier orienté vers Pâques.
Le Mercredi des Cendres marque le début de ce temps propice du carême. Il est caractérisé ; comme le dit son nom, par l’imposition des cendres sur la tête de chaque chrétien. Aujourd’hui, ce geste n’est peut-être plus compris ; mais, s’il est expliqué et que l’on pénètre le sens, il peut s’avérer plus efficace que des mots pour transmettre une vérité. La cendre, en effet, est le fruit du feu qui brûle elle renferme le symbole de la purification, elle constitue un rappel de la condition de notre corps qui, après la mort, se décompose et devient poussière. Oui, tout comme un arbre luxuriant, une fois abattu et brûlé, devient cendre, ainsi se décompose notre corps retourné à la terre ; mais cette cendre est destinée à la résurrection.
Cette symbolique riche de la cendre, l’Ancien Testament la connaît déjà, tout comme la prière juive : se couvrir la tête de cendres est un signe de pénitence, de volonté de changement à travers l’épreuve, à travers le creuset, le feu purificateur. Certes, ce n’est qu’un signe, qui demande à signifier un événement spirituel authentique vécu dans le quotidien du croyant ; la conversion et la repentance d’un cœur contrit. Mais – précisément pour sa qualité de signe, de geste -, s’il est vécu avec conviction et dans l’invocation de l’Esprit, il peut s’imprimer dans le corps, dans le cœur et dans l’esprit du chrétien, en favorisant ainsi l’événement de la conversion.
Autrefois, au cours du rite de l’imposition des cendres, on rappelait avant tout au chrétien sa condition d’homme tiré de la terre et retournant à la terre, selon la parole du Seigneur à Adam pécheur (cf.Gn3,19). Aujourd’hui, le rite s’est enrichi de significations ; les mots accompagnant ce geste peuvent en effet être aussi ceux de l’invitation faite par Jean-Baptiste et par Jésus lui- même au début de leur prédication : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile… » Oui, recevoir les cendres, c’est prendre conscience que le feu de l’amour de Dieu consume nos péchés : consumés par la miséricorde de Dieu, ils sont de peu de poids. Regarder ces cendres, c’est confirmer notre foi pascale: nous serons cendre, mais destinés à la résurrection. Oui, dans notre Pâque, notre chair ressuscitera et la miséricorde de Dieu, comme un feu, consumera dans la mort nos péchés.
En vivant le Mercredi des Cendres, les chrétiens ne font rien d’autre que réaffirmer leur foi – être réconciliés avec Dieu en Christ -, leur espérance – être un jour ressuscités avec le Christ pour la vie éternelle – et leur vocation à la charité qui n’aura jamais de fin. Le jour des Cendres est annonce de notre Pâque, pour chacun de nous.