Deuxième volet de la réflexion autour du thème du pélerinage des étudiants d’Ile de France à Chartres : “Sur les pas du désir”
La Bible, Ancien comme Nouveau Testament, nous révèle le visage d’un Dieu qui, non seulement vient à la rencontre de l’homme, mais en plus lui demande d’exprimer son désir. « Dis-moi ce que je dois te donner » demande Dieu à Salomon, jeune homme à l’orée de sa vie professionnelle de roi. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » demande Jésus à Bartimée, homme blessé qui crie sa souffrance.
Voici deux exemples de rencontres entre l’homme et Dieu. A travers leur ressemblance et leur complémentarité, elles peuvent nous révéler notre propre désir et celui du Seigneur. Elles nous éclairent sur notre propre histoire : celle de la rencontre toujours vivante de l’homme et de Dieu.
Concrètement, après avoir relu ensemble les deux passages, nous prenons un temps de silence pour nous demander quelle scène nous parle davantage et pourquoi. Pour vous y aider, nous vous proposons les questions ci-dessous : lisez-les toutes puis arrêtez-vous sur l’une ou l’autre qui retient davantage votre attention. Une fois le temps de silence achevé, vous pourrez partir d’elles pour partager dans le chapitre. Chacun pourra alors dire ce qui le touche le plus dans ces deux scènes et comment cela le renvoie à sa propre expérience.
Désir de l’homme
– La situation de Salomon est différente de celle de Bartimée : d’un côté la pleine forme, la place dans la société, l’avenir devant soi mais l’inquiétude des responsabilités ; de l’autre, la maladie, la blessure, l’exclusion. Au premier regard, avec quelle situation je me sens le plus proche ? Et après réflexion ?
– Dans quelle mesure Salomon et Bartimée désirent-ils rencontrer Dieu ? Et moi, ai-je ou non envie de Dieu ou peur de cette rencontre ? Pourquoi ?
Désir de Dieu
– Qu’est-ce que ces récits m’apprennent sur Dieu, sur son propre désir à l’égard de l’homme ?
– Comment s’y prend-il avec Salomon et Bartimée ? pourquoi Dieu demande à l’homme d’exprimer son désir, alors qu’Il sait tout ?
– Dieu se met à l’écoute de l’homme et vient servir son désir. Cela correspond-il à l’image que je me fais de Dieu ? A mon expérience ? Qu’est-ce qui en moi est attiré par ce visage de Dieu ou au contraire y résiste ?
– Comment tout cela résonne avec ce que je connais de Jésus, qui vient nous révéler le visage du Père ? (Me référer à tel ou tel épisode des évangiles).
La rencontre
– « A Gabaon, Yahvé apparut la nuit en songe à Salomon » : Dieu vient à la rencontre de Salomon dans un songe ; Jésus , Dieu incarné, parle directement à Bartimée. La manifestation de Dieu est ici plus ou moins sensible, palpable. Avec quelle situation je me sens le plus en affinité ? Pourquoi ? En quoi cela rejoint-il ma propre relation à Dieu ?
– « Aie confiance, lève-toi il t’appelle » : Comment puis-je caractériser le climat de cette rencontre entre l’homme et Dieu ? Dans quelle mesure influe-t-il sur l’expression du désir de part et d’autre ? A quelles expériences cela me renvoie-t-il ?
– « Jésus est l’accomplissement de la rencontre du désir de l’homme et du désir de Dieu ». Comment comprendre une telle affirmation ? Dans quelle mesure rejoint-elle ma foi ? Ou bien, m’est-il difficile de comprendre comment Jésus unit désir de Dieu et désir de l’homme ?
Des questions en suspens ou des affirmations fortes que mon chapitre voudrait partager avec d’autres peuvent être rédigées pour le temps d’interchapitre qui aura lieu dimanche matin
REFERENCES BIBLIQUES
Désirer rencontrer Dieu : Zachée
« Zachée cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était petit de taille. Il courut donc en avant et monta sur un sycomore pour voir Jésus, qui devait passer par là » (cf. Lc 19,1-10).
Tout lâcher pour réaliser son désir : le trésor et la perle
« Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor (
) à une perle de grand prix. L’homme vend tout ce qu’il possède et il l’achète » (cf. Mt 13,44-46).
A contrario le jeune homme riche
« Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?(
) il s’en alla contristé car il avait de grands biens » (cf. Mc 10,17-22).
La joie de Dieu, son désir, c’est de pardonner : l’attente et la joie du père du fils prodigue
« Tandis qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement » (cf.Lc 15,11-32).
Dieu à nos pieds : le lavement des pieds
« Jésus, sachant que le Père lui avait tout remis entre les mains (
), dépose ses vêtements et, prenant un linge, il s’en ceignit. Puis il met de l’eau dans un bassin et il commença à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint » (cf. Jn 13,1-15).
Dieu à la rencontre de notre soif, autre mot pour le désir :
la Samaritaine : « Qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif » (cf. Jn 4,1-42) ; le cri du psalmiste : « Dieu, tu es mon Dieu, mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » (cf. Ps 62(63)).
DES TEXTES POUR M’AIDER A LA REFLEXION :
« La vie avec Dieu est un échange de prières : elle est, de part et d’autre, l’expression d’un désir. Dieu nous dit son désir de nous voir pleinement hommes, de nous voir accéder au plus haut niveau possible d’existence, à la plus pure qualité d’être. Ce qu’il y a de terrible dans une vie humaine, c’est de devenir médiocre sans s’en apercevoir. Dieu ne nous dit précisément qu’une chose : sors de ta médiocrité, ne te dégrade pas, accède au plus haut niveau humain ! Tel est son désir et c’est tout l’Évangile. En retour, nous lui exprimons notre désir qu’il soit glorifié et que notre propre sanctification soit sa gloire et sa joie. Saint Paul nous dit que nous devons imiter Dieu, voilà un point où nous ne pouvons pas nous dispenser d’imiter le Dieu qui éternellement est en prière devant l’homme ».
François Varillon, Joie de croire, joie de vivre, Le Centurion, p. 256
« J’ai toujours désiré être une sainte, mais hélas
au lieu de me décourager, je me suis dit : le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables (c’est-à-dire qui ne sont réalisables que par lui), je puis donc, malgré ma petitesse, aspirer à la sainteté. (
) Je désire être sainte, mais je sens mon impuissance et je vous demande, ô mon Dieu, d’être vous-même ma sainteté ».
Sainte Thérèse de Lisieux, uvres complètes, Cerf, p. 237.963
« Ton désir lui-même, c’est ta prière et, si continuel est ce désir, continuelle est ta prière
Si tu ne veux pas cesser de prier, ne cesses pas de désirer. Ton désir est continuel ? continuelle est ta voix ».
Saint Augustin, Sermons sur les psaumes, 37,14