Le 25 avril, l’Église fête l’évangéliste Marc auquel est associé le lion. Mais d’où vient cette tradition?
Les évangélistes n’ont aucun animal symbolique dans la Bible. Il s’agit là d’une interprétation chrétienne extra-biblique. Ce qu’il y a dans les apocalypses bibliques, ce sont des visions dans lesquelles Dieu est servi par quatre vivants, ou animaux : un bœuf, un aigle, un lion et un homme (Éz 1,5-10 ; Ap 4,6-8). Dans le texte d’Ézékiel, le parallèle avec les serviteurs des divinités mésopotamiennes qu’on pourrait rapprocher des « kerubim » de la Bible, paraît évident. En effet, on a retrouvé plusieurs représentations de ces êtres étranges à tête humaine, corps de lion, pattes de taureau et ailes d’aigle. Ces êtres représentent ce qu’on considérait de plus noble dans la création, de plus fort, de plus sage et de plus agile. Ils semble que ces êtres fantastiques gardaient les seuils des palais et des temples. Ézékiel en fait des serviteurs du seul Dieu, attelés à son char divin. Dans le livre de l’Apocalypse, ces quatre vivants, qui reprennent ceux d’Ézékiel, semblent les quatre anges qui président au gouvernement du monde physique. Leurs yeux symbolisent la science divine et sa providence. Voilà ce qu’il y a dans la Bible. Quant au taureau, c’est évidemment la meilleure traduction puisque c’est l’animal qui évoque le mieux la force, voire la virilité (voir le « veau » d’or dans Ex 32).
Puisque ces êtres fantastiques sont quatre, comme les évangélistes, ils sont associés depuis saint Irénée de Lyon (mort vers 202). Il y a peut-être un caractère personnel à chaque évangéliste qui a joué (Matthieu = homme ; Marc = lion ; Luc = bœuf ; Jean = aigle), mais il faudrait voir jusqu’où cela est vrai. Dans les églises, on a aimé les représenter sculpté dans la chaire, où on annonce l’évangile.
En conclusion, il faut bien distinguer le niveau biblique (vision d’Ézékiel reprise dans l’Apocalypse) du niveau de la tradition chrétienne. Maintenant, l’origine de ces vivants est peut-être mésopotamienne, mais ça ne change absolument rien à la question de l’interprétation chrétienne qui l’ignorait. Ce qui importe, ce n’est pas l’origine d’un concept, mais l’usage qu’on en fait ou le sens qu’on lui donne.