Ce mot est absent de la Bible. Ceci ne veut pas dire qu’il ne concerne pas directement la foi. Au contraire, des penseurs ont beaucoup alimenté la réflexion et l’action des chrétiens du XX° siècle. Je pense particulièrement à Emmanuel Mounier, fondateur du personnalisme dont un livre, recueil de textes s’intitule L’engagement de la foi . Voici ce qu’on peut y lire. Pour lui, la vocation de l’homme se détermine selon trois « sociétés », trois ensemble de réalités : « sous lui (l’homme), la société de la matière où il doit porter l’étincelle divine ; à côté de lui, la société des hommes, que son amour doit traverser pour rejoindre son destin ; au-dessus de lui, la totalité de l’esprit qui s’offre à son accueil et le tire au-delà de ses limites». Ainsi ce mot concerne celui qui veut vivre non pas comme un individu mais comme un personne.
L’engagement est lié très fortement à la personne . Passant de l’individu (un parmi l’espèce humaine) à la personne (unique, porteur d’une vocation et d’un mystère), l’homme s’engage dans ces trois ordres. S’engageant, il fait grandir sa personne. Il devient plus lui-même, Il vit de la force du mystère qui l’habite, des ressources «plus grandes» qui demeurent en lui et qui l’appellent sans cesse au dépassement. Engagement rime avec dépassement.
Pour vivre et grandir comme une personne, Mounier propose un axiome de départ : «l’événement sera notre maître intérieur». Au lieu d’être spectateur de notre propre existence, il s’agit, d’en être acteur (au sens de quelqu’un qui agit et non pas de quelqu’un qui joue un film). Il s’agit de considérer que tout événement de la vie est comme un don destiné à nous faire grandir en humanité.
L’engagement devient alors non seulement le moyen de parvenir à accomplir sa vie, mais l’instrument qui nous façonne comme le doigt du potier fabrique le vase qui pourra se remplir de parfum.
Engagement de Dieu dans l’humanité, ainsi pourrait-on définir l’Incarnation du Verbe. Le Fils de Dieu, en prenant chair, a pris notre humanité. Aucun événement ne l’a détourné de la volonté de son Père, au contraire, chacun lui a permis de mieux la découvrir. Même la mort, surtout la mort sur la croix.
« Adsum. Présent ! le chrétien est un être qui assume. La dernière mise en garde de Jésus avant sa mort est une alerte au reniement, et il l’a donné au chef de l’Eglise : “je ne connais pas cet homme” » (Emmanuel Mounier).
Cet engagement à cause de notre foi, à la suite de Jésus venu dans notre humanité, ne peut se vivre sans un dégagement… Une manière de se retirer dans la prière régulièrement. Jésus partait seul et passait la nuit à prier son Père. Engagement et dégagement se nourrisse l’un l’autre. Engagement sans dégagement risque de devenir « activisme »… Dégagement sans engagement n’est qu’une creuse mystique. Beaucoup de chrétiens au 20° siècle ont cherché à allier mystique et politique, engagement et dégagement, action et contemplation.
Pour terminer, nous pouvons méditer la lettre de Jacques, chapitre 2, versets 14 à 26 : L’apôtre de Jérusalem nous rappelle que « sans uvres, la foi est morte ».
Bonne lecture.