La messe est-elle obligatoire ? D’où viennent tous les rites, le vocabulaire utilisé, les gestes ? Parfois, on aimerait que cela soit un peu plus actuel. Le P. Benoît Gschwind, jeune prêtre assomptionniste, rédacteur en chef de Prions en Église, répond à certaines de nos interrogations. Un entretien de la revue Croire Aujourd’hui Jeunes Chrétiens.
Est-il obligatoire d’aller à la messe tous les dimanches ?
Tu sais, pour répondre à ta question, il est d’abord essentiel de bien comprendre le sens du rassemblement dominical. Le dimanche a pour but de rendre présent dans le temps des hommes l’événement de Pâques. Premier jour de la semaine, le dimanche inscrit dans nos agendas l’espérance qui est celle des baptisés, la résurrection du Christ, le Salut donné. C’est un jour qu’aucun autre jour ne saurait remplacer. Il n’est pas tant le jour que tu peux donner au Seigneur, mais celui que le Seigneur te donne. Il y a nécessité pour l’Église de répondre à ce rendez-vous dominical. C’est l’Église comme peuple de Dieu qui est tenue de se rassembler, et chaque chrétien, parce que membre du peuple de Dieu, reçoit sa part d’obligation. Toi aussi ! Nous ne pouvons pas être chrétien tout seul. Nous avons besoin de frères pour faire Église, et nos frères attendent aussi de nous d’être avec eux pour faire Église. Aller à la messe le dimanche n’est pas une question d’envie ou non, c’est la réponse que tu dois faire à l’invitation du Christ qui t’appelle à te rassembler avec tes frères. Oui, si tu veux vivre ta foi avec tes frères, et te nourrir de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie, il est obligatoire d’aller à la messe le dimanche : elle est le sommet et la source de toute vie chrétienne.
Pourquoi utilise-t-on un langage aussi compliqué ?
Ce langage, nous l’avons reçu de la tradition : il nous est transmis par l’Église. Fait de rites, de gestes, de symboles, il a traversé les siècles. De même qu’une langue étrangère demande un long apprentissage avant d’en comprendre toutes les subtilités, le langage des sacrements demande lui aussi une découverte patiente et une conversion permanente qui donnent toujours plus de faire l’expérience de la rencontre avec le Christ. Tu devrais un jour prendre le temps de lire et de découvrir le texte d’une des prières eucharistiques. Chaque mot, chaque geste a du sens.
Pourquoi toujours répéter les mêmes gestes, les mêmes paroles ?
C’est vrai, si tu t’attaches trop aux gestes et aux paroles, tu peux très vite te lasser et dire de l’eucharistie que c’est toujours la même chose. Mais dès lors que tu essayes de prêter attention au sens de ce qui est célébré, la mort et la résurrection de Jésus et l’attente de son retour, dès lors que tu comprends aussi que dans la mort et la résurrection de Jésus, Dieu te sauve et fait toute chose nouvelle, chaque geste, chaque parole deviennent importants. Même si elles se répètent et se ressemblent. Dans l’eucharistie, nous refaisons des gestes de Jésus, nous redisons des paroles de Jésus. Nous faisons mémoire. À travers ces gestes et ces paroles, nous redisons que Dieu nous sauve et que le salut est donné à tout homme.
Pourquoi tout le monde est-il si sérieux ?
Nous ne savons pas ce que vivent nos frères avec Dieu. Ce que nous savons, c’est que la messe est un lieu et un temps formidable où nous nous retrouvons en Église, avec d’autres. À chaque fois que tu te mets à l’écoute de la Parole de Dieu, nous ne pouvons pas faire l’économie de relire notre vie, et d’entendre pour chacun de nous des appels à la conversion. Ne crois-tu pas qu’il est difficile de ne pas être sérieux quand on entend un appel profond à être vrai, à se convertir. Ne crois-tu pas aussi qu’il est difficile aussi de ne pas être sérieux quand on a compris l’importance de l’Eucharistie. Mais être sérieux ne veut pas dire être triste et donner l’impression de porter sur son visage toute la misère du monde. Ne t’arrête pas trop aux apparences, et dis toi surtout qu’autour de toi tes frères vivent des choses importantes avec Dieu. Comme toi sans doute. Peut-être est-ce pour cela que moi aussi il m’arrive, quand je préside l’eucharistie, de trouver que l’assemblée est bien sérieuse.
À quoi correspondent les moments où l’on est debout et ceux auxquels on peut s’asseoir ?
Quand tu pries, j’imagine qu’il y a des lieux, et des attitudes que tu préfères. Notre corps entre aussi tout entier dans la prière. L’unité d’une assemblée se manifeste par des signes et des gestes concrets. On est debout au début de la célébration, pendant la proclamation de l’Évangile, la profession de foi, la prière universelle, la prière sur les offrandes et la prière eucharistique. Cette position exprime la prière. Elle rappelle aussi que par le baptême, nous sommes déjà ressuscités, relevés d’entre les morts ( Éphésiens 5,14).Saint Augustin disait nous prions debout parce que c’est un signe de résurrection . La position assise est une position plus confortable. Elle est la position de l’écoute, de la méditation et de la prière personnelle. On est assis pendant les lectures, l’homélie, la préparation des dons pour l’offertoire et après la communion. La position à genoux exprime davantage l’adoration. Pendant l’eucharistie, c’est au moment de la consécration que l’on peut se mettre à genoux, mais là aussi on veille surtout à ce que cette attitude soit commune à toute l’assemblée, sans quoi on préfèrera la position debout.
Jésus est-il vraiment présent ?
Là où deux ou trois sont présents en mon nom, je suis au milieu d’eux nous dit l’Écriture. Oui, Jésus est présent dans la Parole que nous écoutons et partageons. Il se donne dans le pain rompu et le vin versé qui sont Corps et Sang du Christ. Il fait de nous les membres de son Corps, par notre communion à son Corps et à son Sang. Il nous donne de vivre de sa vie et d’être animés de son Esprit. Il nous envoie dans le monde, comme lui-même a été envoyé, pour que nous travaillions à la venue du Règne de Dieu.